Personnage n Le Théâtre national présentera, demain, mercredi, sa nouvelle production : Apulée, une pièce écrite par Ahmed Hamdi et mise en scène par Bouzid Chawki. «La pièce renvoie à l'histoire de l'Algérie», a déclaré le metteur en scène lors d'une conférence de presse hier au Théâtre national. Et d'ajouter : «C'est l'histoire d'Apulée, un personnage numide entré en rébellion contre l'autorité romaine. C'était un philosophe et un combattant à la fois.» Dans ce texte dramatique, le personnage d'Apulée est un personnage tragique : «Il lutte contre son destin, sachant que la bataille est perdue d'avance», a indiqué le metteur en scène, avant de poursuivre que le protagoniste, un héros, a connu une fin tragique : l'action révolutionnaire qu'Apulée a menée contre Rome est réprimée, et le rebelle est capturé et exilé. Il est banni de son pays. «La pièce revêt une importance particulière», a expliqué Chawki Bouzid, et ce, dans la mesure où «elle traite trois aspects : le rapport de l'intellectuel à l'autorité, la richesse de l'identité nationale et le rôle de l'intellectuel dans l'écriture de l'Histoire». «J'invite à travers cette pièce les intellectuels algériens, notamment les historiens à restituer à la personnalité d'Apulée sa place dans la mémoire collective», a-t-il lancé. S'agissant ensuite du travail de la mise en scène, Chawki Bouzid a indiqué : «Nous avons tenu à combiner les aspects modernes au passé historique. Cette conjugaison apparaît et dans le décor et dans les costumes». Interrogé aussitôt sur les raisons de ce choix, Chawki Bouzid a répondu : «C'est pour montrer et dire que Apulée est un personnage de tous les temps, que son action s'inscrit n'importe où de par le monde ; c'est un personnage universel. Il s'agit également d'une lecture moderne – et actuelle – de notre histoire.» La pièce mêle, en outre, musique et chant au jeu de la scène. «Nous avons tenu aussi à faire un mélange de chant et de théâtralité, a-t-il relevé et, pour ce faire, nous avons fait appel à des étudiants du conservatoire de musique qui montent sur les planches pour la première fois. C'est une manière pour eux de faire du théâtre et du coup s'initier au jeu de la scène. Nous avons voulu par cette initiative former des jeunes au théâtre et assurer en conséquence la relève.»La pièce sera jouée en arabe classique. «Ce sera de l'arabe spontané», a-t-il expliqué. Et de souligner : «Il faut savoir qu'on ne joue pas et qu'on ne dit pas un texte, mais qu'on joue plutôt une situation.» Cela revient à dire que l'important dans cette pièce n'est pas le registre linguistique puisqu'il s'agit d'un prétexte pour raconter une histoire, montrer des personnages. «Nous ne privilégions pas la langue, mais l'action théâtrale. Notre texte se veut universel. Il s'adresse à l'humanité.» Enfin la pièce sera jouée par une vingtaine de comédiens. «Au départ, je voulais faire du texte un opéra, mais comme l'argent fait cruellement défaut, j'ai dû donc me contenter de ramener mon projet à une expression théâtrale», a-t-il expliqué.