Expansion n Comptant au départ une dizaine d'habitants au lendemain de l'indépendance, le bidonville Grégory qui s'étend sur plusieurs centaines de m2, compte aujourd'hui plus de 500 familles. Le terrain sur lequel est érigé ce bidonville est en litige. Embarrassées depuis des années, les autorités locales ambitionnent de léguer cet espace très convoité au plus offrant, selon les témoignages recueillis sur place. Les responsables de l'APC de Kouba disent, pour leur part, n'avoir rien à voir dans cette situation, en précisant qu'ils ne cherchent qu'une solution légale et satisfaisante, en réponse aux échauffourées qui ont eu lieu, il y a quelque temps, entre les habitants du bidonville et des employés venus faire des travaux de terrassement au profit d'une coopérative communale. Les familles installées, ici, ont construit leurs résidences de fortune en terre ou pour les plus fortunés, en briques avec pour seul toit des tôles en zinc. Deux à trois familles, soit parfois plus d'une vingtaine de personnes, se partagent en tout ces bâtisses d'à peine 20 m2 d'où se dégage une odeur de moisissure. L'état sanitaire de ce quartier est indescriptible en dépit de la disponibilité de l'eau courante. Dans l'allée principale de ce bidonville, chaque voiture qui passe laisse derrière elle des nuages de poussière en l'absence de bitumage. «Avant, c'était un grand domaine de vignes», se souvient Mohamed, un septuagénaire qui a passé toute sa jeunesse dans cette ferme à son arrivée de la région de Boussaâda. Comme Mohamed, à l'origine la plupart des résidents étaient des paysans venus de l'intérieur du pays dans les années 1960 et 1970 à la recherche d'un travail. «Personne ne se donne la peine de nous rendre visite. Ni le maire ni le wali et encore moins les ministres», constate désolé, Mohamed. Ce qui exaspère ces habitants, en fait, c'est de voir leur espace vital se rétrécir continuellement au profit de certaines «grosses-têtes» qui construisent des «châteaux». A l'instar des nombreuses familles entassées dans cette étendue délaissée, Mohamed exige que les autorités leur régularisent leur situation quant aux terrains qu'ils occupent pour pouvoir y rebâtir des demeures plus décentes. En l'absence de toutes commodités dans ces gîtes dépourvus y compris de fenêtres, notre interlocuteur dit avoir subi au quotidien les affres d'une souffrance psychologique due au stress. Une détresse partagée par tous ses voisins qui ne savent plus à quel saint se vouer en se livrant à la fatalité de la force divine. Fuyant l'insécurité, quelques familles venant des wilayas limitrophes se sont, elles aussi, réfugiées, vers les années 1990, dans ce domaine en construisant leur petit gîte.