Les spécialistes s'accordent à affirmer que la transition vers l'économie de marché en Algérie a trop duré. Cette lenteur dans la mise en conformité de l'arsenal législatif national avec les exigences d'une économie libérale s'est traduite par l'apparition de nouveaux phénomènes et l'aggravation d'autres qui existaient déjà dans les décennies précédentes. A l'ombre d'une situation cacophonique, le crime économique et son corollaire, le blanchiment d'argent, ont prospéré. Trafic de drogue, contrebande de carburant et d'autres produits, détournement de deniers publics se sont banalisés, constituant une source de financement intarissable pour les maquis terroristes qui ont endeuillé le pays une décennie durant. Il a fallu l'éclatement de l'affaire Khalifa, avec ses 3 milliards de dollars partis en fumée, pour que l'opinion publique découvre, ahurie, l'ampleur des dégâts. Le «scandale du siècle» a, pour ainsi dire, constitué un mal salutaire, en ce sens que les autorités ont aussitôt pris une panoplie de mesures pour juguler le crime économique sous toutes ses formes. Des mesures qui, parfois, ont eu l'effet d'un coup d'épée dans l'eau à cause de facteurs qui ne permettent pas toujours leur application sur le terrain.