Les magistrats de ces futurs pôles judiciaires régionaux implantés à Alger, Oran, Constantine et Ouargla, verront leurs prérogatives et pouvoirs renforcés. Quatre pôles judiciaires régionaux spécialisés dans la lutte contre le crime économique et le blanchiment d'argent seront mis en place dès septembre prochain, a-t-on appris, hier, en marge du séminaire organisé par le ministère de la Justice à la résidence des magistrats sous le thème «La délinquance économique et la lutte contre le blanchiment d'argent». Ces pôles, qui seront implantés à Alger, Oran, Constantine et Ouargla, prendront la forme de cours spécialisées dans le traitement des affaires liées aux crimes économiques. Mieux, selon le secrétaire général du ministère, les magistrats de ces futures juridictions verront leurs pouvoirs et leurs prérogatives nettement renforcés. Le crime économique d'une manière générale et particulièrement le blanchiment d'argent étant l'apanage de réseaux bien structurés et aux ramifications s'étendant aux quatre coins du pays, parfois même à l'étranger, la compétence territoriale des nouveaux pôles sera étendue à plusieurs wilayas. La question de la délinquance économique est revenue aux devants de la scène à la faveurs des nombreux scandales financiers qui ont éclaté l'année dernière avec notamment l'affaire Khalifa qualifiée par les observateurs de «scandale du siècle». Selon M. Lakhdari, directeur des affaires pénales au ministère de la Justice, le crime économique dans notre pays, même s'il existait déjà depuis l'Indépendance, a été accru à la faveur de l'ouverture économique au début des années 1990 et de la transition vers l'économie de marché qui «a trop duré». L'apparition de réseaux de trafic de drogue et la décennie du terrorisme endurée par le pays n'ont fait que compliquer davantage la situation d'autant que selon le même responsable, «il a été formellement prouvé que le blanchiment d'argent se trouve derrière le financement des activités criminelles, le terrorisme en tête». A cela s'ajoutent les effets de l'informel, à savoir la masse considérable d'argent qui échappe aux circuits bancaires en raison d'appréhensions et de «l'esprit de thésaurisation». Les quatre nouvelles juridictions qui seront prochainement créées constitueront une suite logique au remaniement de fond en comble de l'arsenal juridique en la matière. De nouvelles dispositions ont, en effet, été introduites pour faire face à la propagation du phénomène. A titre d'exemple, M. Lakhdari cite la possibilité offerte désormais aux autorités judiciaires de procéder à la saisie des biens de la personne incriminée même si ceux-ci sont détenus légalement par son conjoint, ses enfants ou d'autres membres de sa proche famille. Ce qui n'était pas le cas auparavant. Les intervenants durant les travaux du séminaire se sont accordés à affirmer que la législation algérienne en la matière, «inspirée des conventions internationales», pourrait s'avérer efficace si elle était suivie d'une stricte application sur le terrain. Enfin, notons que le séminaire qui entre dans le cadre de la coopération algéro-française dans le domaine judiciaire et auquel prennent part des experts des deux pays et de 13 autres Etats arabes, s'étalera sur 4 jours.