Djazia, version sud n L'une des légendes les plus belles du Sahara est assurément la légende de Djazia, la belle hilalienne et de ses amours. L'histoire de Djazia, la belle bédouine, venue d'Arabie, au début du Xe siècle, et qui a nourri des contes et des poésies, est certainement légendaire. Elle fait partie de la geste des Banou Hilal, la tribu arabe qui a déferlé sur le Maghreb et réussi à arabiser une partie du pays. Mais Djazia n'est pas seulement célèbre chez les tribus arabophones, elle apparaît aussi chez les berbérophones et on la met en scène avec des princes zénètes. On sait, par Ibn Khaldoun que les Banu hilal vivaient en bande dans le désert du Hedjaz, pillant les caravanes et attaquant les pèlerins qui se rendaient en Terre sainte. C'étaient, aux dires des historiens, des gens impitoyables, ne faisant pas de quartiers, s'attaquant et dépouillant leur prochain sans vergogne. Si les hilaliens quittent leur pays d'origine, l'Arabie, c'est à la suite de dissensions avec leur principal allié, un certain Chokr du Hidjaz, à qui la tribu avait offert la plus belle de ses filles, Djazia. Mais au moment de quitter le pays, la tribu a décidé de reprendre «son bien», c'est-à-dire la jeune femme, qu'on enlève, alors qu'elle se trouvait chez son époux. On dit aussi que ce n'est pas pour fuir le prince Chokr que les hilaliens ont quitté l'Arabie, mais pour fuir la famine qui sévissait. En quittant leur pays, les hilaliens n'avaient nullement l'intention de conquérir d'autres pays pour y fonder des Etats : ils ignoraient la notion d'Etat et le seul cadre d'organisation qu'ils connaissaient était la tribu. La tribu va donc connaître de longues pérégrinations en Orient, poussant devant elle, son bétail, suivi par les femmes et les enfants, dans une marche irrésistible vers l'ouest que les poètes appellent : taghriba ou «exil vers l'ouest». La horde traverse la mer Rouge, puis entre en Egypte. Ici aussi, les bédouins retrouvent le désert, mais là, il y a des villes, des campagnes fertiles et surtout de l'eau... L'eau que l'on retrouve jusque dans le désert, grâce aux crues du Nil... C'est plus que ne pouvaient espérer les nomades faméliques ! Mais en Egypte, il y a aussi des villes regorgeant de richesses... Mais les Fatimides, qui gouvernent à cette époque l'Egypte, ne veulent pas de ces bédouins, qui menacent de razzier les villes. Aussi, les princes, les tiennent-ils à l'écart, en les parquant dans la Haute Egypte, en attendant de les envoyer… au Maghreb. En effet, les princes berbères avaient refusé de faire allégeance à la dynastie chiite des Fatimides, pour les punir, ceux-ci vont leur envoyer les hordes hilaliennes. Au Maghreb, les bédouins s'émerveillent devant les vastes pâturages verts, qui s'étendent à perte de vue. Mais le pays est habité, et ses habitants, les Berbères zénètes, ne veulent pas d'étrangers. Des conflits éclatent entre les Hilaliens et les Berbères, la belle Djazia est courtisée par un enfant de sa tribu Dhyab, mais un Berbère s'éprend d'elle… De belles histoires d'amours, de rivalités, de ruses et, bien entendu, de guerre.. Il existe plusieurs versions maghrébines de l'histoire de Djazia, des versions libyennes, tunisiennes, marocaines, algériennes. Les versions algériennes sont nombreuses. Elles se situent en général dans les régions du Sud, généralement arabophones (Laghouat, Boussaâda, Béchar, etc.). Mais on la retrouve aussi chez les berbérophones (Aurès), ainsi que dans les régions du Nord (Sétif, Médéa, Oran, Tlemcen, etc.). La version que nous allons raconter est commune à plusieurs régions du Sahara algérien. (à suivre...)