Résumé de la 2e partie Bousculant le président Nickols et le professeur Maxwell, Wilson pénètre dans le bureau du chef de l?université. Il pose le revolver sur la table. Wilson a un sourire désabusé : «Pour vous en servir, et me virer ensuite peut-être ? N?ayez pas peur, Jenny, je parlerai lentement, je connais votre sténo». Et la porte du bureau du président se referme sur cette étrange conférence. L?objet de tout ce remue-ménage, à l?université d?Ashland, le jeune Chris Edward, est dans la coma à l?hôpital voisin. La balle unique qui devait le faire mourir a raté la tempe, et fracturé tout le bas du visage. S?il vit, Edward n?aura plus de visage. A vingt ans. Et pourquoi ? C?est Wilson qui entreprend de l?expliquer au président Nickols et à son adjoint. «Parce qu?on lui a trop dit et répété qu?il n?était qu?un minable ! Voilà un garçon comme un autre, somme toute, mis à part qu?il est fils de fermier, et qu?il a préféré les études à l?élevage du bétail. C?est ce que vous croyez, mais ce n?est pas le cas. Edward aurait élevé du bétail, si son père n?avait pas décidé qu?il lui fallait un fils universitaire. Voilà Edward bombardé étudiant, qui affronte une première année universitaire, en traînant de la paille à ses chaussures. Et que se passe-t-il ? Je vais vous le dire : Edward n?est pas à l?école, il est devant un tribunal permanent. Chaque maladresse, chaque erreur, lui sont renvoyées au visage comme un coup de poing. Chaque note est un coup de poignard». Le président intervient : «Wilson ! Nous ne pouvons tout de même pas donner des notes correctes à un élève qui, manifestement, est largement en dessous de la moyenne de ses camarades, votre argument est ridicule ! ? Ce n?est pas un argument, encore une fois cessez de considérer cette affaire comme un cas de justice. C?est une explication que je vous donne. Edward est incapable de suivre les cours, bon, pourquoi ne pas l?orienter autrement ? Pourquoi ne pas aller voir son père et lui expliquer la chose ? Au lieu de cela, vous prenez la décision de le renvoyer en fin de trimestre ! ? Cette décision ne concernait pas uniquement ses résultats scolaires ! Vous le savez ! ? Nous y voilà. Alors j?écoute, faites-moi part de vos griefs. ? Il n?en est pas question. ? Vous n?osez pas ! Vous n?osez pas avouer que vous avez viré Edward parce qu?il a osé participer à une manifestation antiraciale ! ? Wilson, vous vous égarez. Cette manifestation ne concernait pas que les Noirs, il y avait des homosexuels, une chienlit insupportable, le campus n?est pas fait pour ça ! ? Edward n?est pas homosexuel ! ? C?est vous qui le dites ! Moi je n?en jurerais pas ! ? Non seulement vous n?en jurez pas, mais vous le lui flanquez à la figure en public ! Vous le traitez de minable, à l?esprit dégénéré ! Les élèves vous ont entendu ! Et vous n?avez pas le droit de faire ça ! Vous n?avez pas le droit de renvoyer ce pauvre gosse à un père intraitable, avec l?étiquette de dégénéré sexuel et de minable intellectuel. Vous n?avez pas le droit de lui cracher : «Quand on est le dernier partout, il est normal que l?on se mette du côté des derniers». Vous savez ce qui s?est passé ? Vous savez que la moitié du campus l?a traité de sale homo ? Que son père l?a tabassé ? Qu?il l?a ramené aux cours en le traînant comme un chien au bout d?une laisse ? Vous savez que personne n?a pris sa défense ? Vous savez que c?est un enfant fragile, déséquilibré, que vous l?avez poussé au suicide ? Vous l?avez poussé à acheter ça, et à se tirer dans la tête ! ? Wilson, cette fois c?en est trop ! Vos accusations sont ridicules, et votre comportement n?est pas digne d?un professeur responsable. J?ai déjà noté à plusieurs reprises que vos cours de psychologie s?écartaient dangereusement des bornes admises, mais cette fois ! ? Les bornes admises ? elles sont où, vos bornes ? Elles ne vont pas plus loin que les ?illères que vous portez. ? Wilson, cet entretien est terminé ! Je ne suis pas disposé à suivre un cours de psychologie du genre du vôtre. Je connais vos principes : liberté, paresse, contestation, remise en question, mépris des lois et des principes. J?ai eu tort de vous laisser faire ?uvre de subversion chez moi ! (à suivre...)