Société n Ce repos est généralement pris en début d'après-midi. Son observance est si générale que les villes et villages de toute la région des monts des Ziban «semblent être plongés dans une quasi-paralysie». Avec une température moyenne de 48°C à l'ombre rendant pénible le moindre effort, cette pause paraît une réponse adaptée au climat même. Hormis les travailleurs que les charges professionnelles obligent à être présents sur leurs lieux de labeur ou les personnes contraintes à se déplacer pour des besoins urgents, la plupart des Biskris préfèrent passer à domicile cette période de la journée durant laquelle la chaleur atteint son paroxysme. De Ras El-Miaâd à l'extrême ouest des Ziban jusqu'à Khenguet Sidi Nadji à l'est et d'El-Kantara au nord jusqu'à Oumèch de la partie méridionale, l'usage de la sieste semble quasiment sacro-saint. Dans les vergers et les oasis, cette pause d'après-midi prend toutefois deux variantes : les hommes dorment à l'ombre des arbres alors que les femmes, les enfants et les vieillards le font à l'intérieur des maisons. Hyperactifs, les enfants refusent souvent cette pause. Mais les risques très sérieux d'insolation, de saignements de nez ou de coups de soleil obligent les parents à recourir à la coercition pour amener leurs progénitures à pratiquer cette habitude saine et source d'équilibre et de régénération d'énergie. Médecin généraliste et installé à titre privé, le Dr Torchi affirme que plusieurs études modernes ont confirmé les multiples effets bénéfiques de la sieste qui offre au corps du repos avant la reprise de son activité et évite à celui qui la pratique les problèmes sanitaires susceptibles d'être entraînés par une longue exposition au soleil. Les premières heures de la matinée et les ultimes moments du jour sont, de ce fait, des périodes d'intenses activités pour les gens des Ziban qui en saisissent la relative fraîcheur pour accomplir le maximum de tâches avant l'installation de la grande chaleur. Les agriculteurs agissent de même et se rendent à leurs champs dès les premières lueurs du jour pour rentrer bien avant midi alors que les bergers prennent soin de faire paître leurs troupeaux près des endroits ombragés pour s'y abriter avant de rentrer avec le coucher de soleil. Professeur de sociologie, Abdelkarim Thabet estime que la sieste est un phénomène très fréquent parmi les populations sahariennes et traduit une forme d'organisation sociale particulière et un mode d'adaptation au milieu. Inassimilable à une quelconque forme de paresse, la sieste serait comparable plutôt à la période de repos prise entre les deux mi-temps d'un match de football, soutient le même universitaire.