Résumé de la 30e partie n On continue à embarquer les passagers de première classe, tandis que ceux des classes inférieures sont parqués dans leurs compartiments. Dans les couloirs du compartiment de troisième classe, c'est la panique. Des hommes, des femmes et des enfants courent dans tous les sens, crient, pleurent. Tous ont l'impression d'être pris au piège. Comment qualifier autrement la situation quand, sur le pont, des passagers embarquent dans les canots de sauvetage, alors, qu'en bas, proches des soutes déjà envahies par les eaux, des centaines d'autres sont enfermés ? S'il est vrai qu'il faut éviter de céder à la panique, il n'est pas moins vrai qu'on enlève à des centaines d'être humains la chance d'être sauvés... D'ailleurs des passagers, qui ne se doutent pas de ce qui les attend, sont restés dans leurs chambres. Des amis, des voisins ou tout simplement d'autres passagers leur crient de sortir. — Ne restez pas là ! Le bateau va couler ! Les malheureux répondent : — Où aller ? On ne peut pas accéder au pont supérieur et de toute façon, si on y accède, il n'y aura pas de canot pour nous ! — Vous allez mourir si vous restez là ! — Nous allons tous mourir ! Une femme qui voyage avec deux enfants, est restée dans sa cabine. Les enfants ont été réveillés par le brouhaha, mais elle les a remis au lit et, pour les rendormir, elle s'est mise à leur raconter une histoire. — Dormez, dormez, mes chéris, quand vous vous réveillerez, vous serez dans le monde des elfes et des fées, vous n'aurez plus jamais faim, vous ne ressentirez plus jamais de peur ! Il y a aussi ceux qui, parfois, s'en remettent à la volonté divine, refusant de mener un combat qu'ils savent perdu d'avance : même si on les laisse monter sur le pont, ils savent qu'il n'y aura pas assez de canots pour tout le monde. Cependant, ceux qui veulent vivre continuent à courir dans les couloirs, cherchant en vain une issue : toutes les sorties sont grillagées. Des bruits courent : — Il paraît que tel escalier n'est pas encore condamné ! Le flot des passagers se rue aussitôt en direction des escaliers de la dernière chance. Malheureusement l'entrée est, elle aussi, cadenassée. — Les salauds, ils ont fermé toutes les grilles ! — Ils les ont fermées au moment de l'accident ! — Non, ils les ferment toutes les nuits, de peur qu'on aille déranger le sommeil des bourgeois ! Un cri fuse : — Il faut briser les grilles ! — Oui, nous n'allons pas mourir ici ! — On nous a annoncé des bateaux, mais il n'y aura rien pour nous ! — Il faut casser les grilles et monter sur le pont ! Le capitaine sera forcé de nous donner les barques qui restent ! (à suivre...)