Si autrefois, c'était le port au corail qui faisait la célébrité d'El-Kala (voir numéros précédents), cette belle région d'Algérie est aujourd'hui surtout connue par son parc, créé en 1983 et classé en 1990 par l'Unesco, patrimoine national et réserve de la biosphère. C'est en dépit des agressions qu'il n'a cessé de subir, un modèle d'écosystème unique dans le bassin méditerranéen, à la fois parc marin, terrestre et lacustre, avec deux zones humides importantes, les lacs Mellah, Oubeïra et Tonga… Le parc s'étend sur une superficie de près de 80 000 ha. En 1789 déjà, l'abbé Poiret, qui avait séjourné quelques années plus tôt dans la concession française, se rappelait, dans un livre de souvenirs, «le ruisseau où coulait une eau fraîche et limpide (au bord duquel il avait pris place), les buissons de lauriers-roses, de térébinthe et de myrte (qui) formaient un ombrage agréable, et ce paysage, terminé par des collines couvertes de la plus belle végétation, était animé par de nombreux troupeaux qui paissaient au loin». Il évoque les grands lacs où, en tout temps, venaient nicher un grand nombre d'oiseaux, les sources, nombreuses et abondantes et une riche faune, parmi laquelle il cite les panthères et les lions, animaux aujourd'hui disparus. La forêt d'El-Kala est composée de nombreuses essences, avec une nette prédominance de chênes-lièges.