Résumé de la 36e partie n Alors que les passagers de première classe – femmes, enfants et même des hommes – terminent d'embarquer dans les canots de sauvetage, les passagers des classes inférieures attendent. Le colonel Archibald Gracie s'approche du pont des embarcations. Il ne reste plus que quelques chaloupes et les passagers de seconde et de troisième classes s'impatientent. «Les femmes et les enfants d'abord !» C'est la bousculade. Les passagers, ayant compris qu'il ne restait plus que quelques canots et que la plupart d'entre eux ne pourront pas embarquer, se ruent. «Reculez, reculez !» Comme personne ne tient compte de l'ordre, un officier tire en l'air. Les passagers reculent, laissant le temps aux matelots de descendre une chaloupe. C'est de nouveau la ruée. Chacun essaye de monter. On a vu des hommes tirer en arrière des femmes et des enfants, les frapper même pour se frayer un chemin. C'est la panique. On crie, on pleure, on blasphème, on supplie. Le capitaine Smith vocifère dans son haut-parleur : «Les femmes et les enfants d'abord, il y aura de la place pour tout le monde !» Mais comme personne ne l'écoute, il dépose le haut-parleur et, d'un pas digne, se dirige vers la radio. Le préposé Phillips est toujours à son poste et envoie des SOS. «Phillips, lui dit-il, vous avez fait votre devoir, vous devez maintenant songer à sauver votre peau !» Le colonel Archibald le voit de nouveau sur le pont, allant cette fois vers la cabine de pilotage. Il l'aperçoit à travers la vitre, debout, les cheveux et la moustache blanche, tenant le gouvernail. C'est la dernière image qu'il gardera de lui. Celui qu'on appelait le «capitaine des millionnaires» aura joué, jusqu'au bout, le rôle qui lui a été assigné par les gens qui l'employaient : veiller au confort des riches passagers, les faire passer avant les autres... Si on lui reproche sa servilité à l'égard des riches, on reconnaissait en lui un marin et un officier compétents. Né en 1850 à Staffordhire, en Angleterre, il vogue sur les mers depuis l'adolescence : d'abord comme mousse, puis comme marin et enfin comme capitaine. Depuis 1880, il travaille pour la Star White, la société propriétaire du «Titanic» et personne ne s'est jamais plaint de lui. Il devait prendre sa retraite quelques mois plus tôt, mais il a tenu à faire le voyage inaugural du «Titanic». Un homme comblé et riche qui envisageait de se retirer pour vivre en paix avec sa femme et sa fille. Cependant, malgré son palmarès glorieux et sa fin héroïque, on s'interrogera longtemps sur son comportement : lui, un marin expérimenté, comment a-t-il pu pousser à plein régime son bateau dans une région qu'il savait pourtant pleine d'icebergs ? Voulait-il finir au plus tôt ce dernier voyage ou alors, poussé par les responsables de la Star White, notamment son directeur, Ismay, désirait-il établir un nouveau record de la traversée de l'Atlantique ? On ne le saura jamais, le capitaine Smith ayant emporté son secret dans les profondeurs de l'océan. Sur le pont, c'est maintenant le chaos : chacun cherche à embarquer. Une chaloupe qu'on a descendue est si pleine qu'elle se renverse avant même de toucher l'eau. (à suivre...)