Résumé de la 39e partie n Alors que les passagers de première classe – femmes, enfants et même hommes – finissent d'embarquer dans les canots de sauvetage, les passagers des classes inférieures attendent. Il est 2h 20. Des centaines de passagers sont dans l'eau et crient. Beaucoup ne savent pas nager, mais grâce à leurs gilets de sauvetage, ils flottent. L'eau est glaciale : il n'est pas sûr que l'on puisse tenir longtemps. On crie, on appelle au secours, on s'accroche aux épaves, on s'enfonce. Puis, lentement, le silence s'installe, lugubre. Au loin, les canots transportant les survivants voguent, également dans le silence. On pense à tous ces passagers qui n'ont pas eu la chance d'embarquer dans un des canots. Certes, on ne pouvait pas sauver tout le monde, mais on aurait pu prendre plus de passagers : certaines chaloupes sont parties à moitié vides. Des rescapés ont demandé à retourner sur les lieux du naufrage, mais les matelots, traumatisés par ce qu'ils ont vu, ont refusé. Une seule embarcation rejoindra le «Titanic» et prendra à son bord neuf survivants. Le canot de sauvetage numéro 3 avance dans l'aube naissante. Il y a, parmi les passagers, Frederick Spedden, sa femme Daisy et leur fils de sept ans Douglas. Le petit garçon dort, serrant dans ses bras son ours en peluche. Il se réveille brusquement. Il écarquille les yeux, émerveillé par le spectacle de l'aube colorant les icebergs. «Comme c'est beau, s'exclame-t-il, c'est le pôle Nord mais sans Père Noël !» La réflexion fait sourire les passagers : c'est le premier signe de détente depuis le naufrage. Echappé au naufrage, le petit Douglas Spedden allait quand même connaître un destin tragique. Rentrée à New York, la famille a tenté d'oublier le drame en essayant de vivre comme avant. Mais pour les rescapés du «Titanic» rien ne pouvait plus être comme avant : les choses qui paraissaient si importantes, auparavant, sont devenues anodines. La famille Spedden, elle, allait connaître un autre drame. En 1915, Douglas mourait dans un accident de voiture, dans le Maine. Ses parents devaient lui survivre plusieurs années, enfermés sur eux-mêmes, pensant au naufrage et au fils qu'ils avaient perdu... Ce n'est qu'après leur mort qu'un parent a découvert, dans les affaires de la famille, un conte pour enfant, écrit par Daisy : il raconte le voyage du «Titanic» vu à travers le regard d'un ours en peluche, l'ours Polar du petit Douglas Spedden. Le conte a été publié en 1994, soit 83 ans après le naufrage, sous le titre Polar the Titanic Bear (Polar, l'ourson du «Titanic»). Un livre qui a été un succès de librairie avec 250 000 exemplaires vendus. Mais en ce froid matin du 15 avril 1912, on n'en est pas encore là. Les chaloupes voguent. Les passagers, fatigués de ramer, ne tiennent que par l'espoir d'apercevoir les cheminées du bateau qui les sauverait. Un bateau prend l'eau. «Nous allons couler ! Il faut vite calfeutrer !» Une des dames, Dorothy Gibson, vedette du cinéma muet, enlève aussitôt ses sous-vêtements et les tend pour calfeutrer le trou. Les autres dames font aussitôt comme elle. Deux années après le naufrage, Dorothy jouera son propre rôle, dans un film appelé Salved from the Titanic : elle porte la même robe que le jour du drame... Une voix hurle : «Un bateau !» La masse sombre du «Carpenthia», le bateau tant attendu, vient, en effet, de surgir. (à suivre...)