La couleur rouge (qui apparaît souvent dans les rêves) est, depuis toujours, un véhicule de symboles, sans doute parce qu'elle est la couleur du sang, associée à la vie. Dans l'antiquité, les Phéniciens, un peuple sémitique qui habitait les côtes du Liban et de la Syrie actuels, et qui s'était installé au Maghreb, à Carthage, et dans divers comptoirs, étaient réputés pour la production d'une variété de colorant rouge, appelé pourpre ou rouge de Phénicie. On obtenait la teinture, en faisant macérer dans de grands bassins un mollusque, le murex, dont on avait brisé la coquille. On obtenait d'abord un liquide bleu et après diverses opérations, on en tirait plusieurs teintes, allant du rose au rouge pourpre. Les peuples de l'antiquité faisaient un grand usage de cette couleur, associée à la puissance et à la gloire. A Rome, la couleur pourpre était même réservée à l'empereur dont elle était la «couleur officielle» ou color officialis. Sous Néron (Ier siècle de l'ère chrétienne) un édit punissait même celui qui la portait et confisquait ses biens. Le même Néron possédait une magnifique demeure, la Domus Auréa où le rouge dominait la décoration. Maison Dorée, au rouge des Romains s'opposait le bleu des Barbares : on sait que les Celtes, quand ils combattaient Rome, se peignaient le corps de bleu, et fondaient en lançant de grands cris sur leurs ennemis. L'occident chrétien perpétuera le règne de la pourpre, associée aux rois et aux grands seigneurs, jusqu'à la chute de Byzance, qui, en 1453, bascule dans le monde musulman. Mais le rouge devait symboliser encore longtemps le pouvoir, les rois et les seigneurs européens revêtant des capes et des manteaux rouges.