Rage n Hors d?elle, elle saisit la petite fille avec la visible intention de la jeter dans l?eau bouillante. Hors d?elle, avant que les autres n?aient pu faire un geste, elle saisit la petite fille de La Khedidja et se dirige vers beit esskhoun avec la visible intention de jeter l?enfant dans la grande borma d?eau bouillante qui alimente le hammam. «Les femmes, à leur tête «moulet el-fnik», se précipitent derrière elle en criant : ?Arrêtez-là, arrêtez-là ! Deux femmes, sortant de la grande salle, lui barrent involontairement le passage et ses poursuivantes réussissent à la rattraper et à lui arracher la petite fille qui sanglotait. Jamais le petit hammam de Souika, n?avait connu pareille tragédie. Les vieilles femmes interviennent tentent de raisonner la mère folle de chagrin, pendant que La Khedidja, ranimée, prend le bébé sur ses genoux en lançant à haute voix : ?Mon Dieu, pardonnez-moi ! J?ai tué mleika ! Pardonnez-moi ! ?Habillez-vous toutes ! ordonne la préposée au hammam; j?ai appelé la police ! ?La police ? dit La Khedidja ! Mon Dieu ! bassite ! À mon âge ! quelle malédiction ! Les femmes sortent du bain, et passent rapidement leurs vêtements. L?émotion est à son comble. On dépose le bébé près du bureau de «moulet el-fnik», recouvert d?une serviette. Sa mère, fermement entourée de deux matrones, pleure en se frappant les cuisses de temps en temps. Et au bout d?un long moment la police arrive. Les personnes présentes sont interrogées et, après enquête, La Khedidja est emmenée au commissariat avec la mère de la petite victime. La vieille femme s?en tire avec une grosse amende et une peine de prison avec sursis, tandis que la mère du bébé est condamnée à quelques mois de prison ferme, bénéficiant de circonstances atténuantes pour tentative d?assassinat. Depuis ce jour, La Khedidja ne remettra plus jamais les pieds dans un hammam préférant se doucher dans sa petite cuisine dans sa grande guessaâ de cuivre. Si vous allez au hammam de Souika dans la vieille ville de Constantine et que vous oubliez d?amener vos affaires «moulet el- fnik» vous prêtera une déloua et une tassa de cuivre jauni par les ans, sculptées de deux roses entrelacées car La Khedidja s?est débarrassée de tous les souvenirs lui rappelant l?horrible tragédie.