Résumé de la 56e partie n Vers 23h, le Renard sort de sa cachette pour téléphoner. Etant convaincu que le téléphone est surveillé, il appelle Mme Perry qu'il charge de transmettre le message à Steve. Il se sentait en pleine forme, génial, en sortant de la cabine. Une fille se tenait sur le seuil d'une petite boutique de vêtements. En dépit du froid, elle était vêtue d'une minijupe. Des bottes et une veste de fourrure blanches complétaient une tenue qu'il trouva très séduisante. Elle lui sourit. Ses cheveux épais bouclaient autour de son visage. Elle était jeune, pas plus de dix-huit ou dix-neuf ans, et il lui plaisait. Il en était certain, il n'y avait qu'à voir ses yeux. Il s'avança vers elle. Mais il s'immobilisa aussitôt. C'était sûrement une prostituée et même si elle était sincère dans ses sentiments vis-à-vis de lui, la police pouvait les surveiller et les arrêter tous les deux. Il avait lu des histoires sur de grands projets anéantis par une légère erreur. Dépassant stoïquement la fille, il la laissa esquisser un bref et pauvre sourire avant de s'élancer dans le vent glacé en direction du Biltmore. Le même réceptionniste ricanant lui tendit sa clef. Il n'avait pas dîné et il mourait de faim. Il allait commander deux ou trois bouteilles de bière. Depuis quelque temps, il avait toujours envie de bière. L'habitude, peut-être. En attendant les deux hamburgers, les frites et la tarte aux pommes, il se plongea dans un bain. Il régnait une telle atmosphère de moisi, de froid et de saleté dans l'autre pièce. Une fois sec, il enfila le pyjama qu'il avait emporté pour ce voyage et examina sa valise sur toutes les coutures. Elle n'avait pas de tache. Il donna un généreux pourboire au garçon d'étage. Ils font toujours ça au cinéma. Il avala d'un trait la première bouteille de bière, prit la seconde avec ses hamburgers, et but la troisième à petites gorgées en regardant les informations de minuit. Il y avait du nouveau au sujet de Thompson. «Le dernier espoir d'obtenir une commutation de peine pour Ronald Thompson a pris fin hier. Les préparatifs ont lieu pour l'exécution qui aura lieu demain à onze heures trente comme prévu...» Mais pas un mot sur Neil et Sharon. La publicité était la seule chose qu'il redoutât. Parce que quelqu'un pouvait se mettre à rapprocher les deux affaires. Les filles du mois dernier avaient été une erreur. Seulement, il n'avait pas pu s'en empêcher. Il ne rôdait plus. C'était trop dangereux. Mais quand il les avait entendues sur le radiotéléphone, quelque chose l'avait poussé à y aller. Le souvenir des filles le remua. Troublé, il éteignit la radio. Il ne fallait pas… Il allait s'exciter. Il le fallait. Il sortit de la poche de son pardessus le magnétophone et les cassettes qu'il emportait toujours avec lui. Il glissa une cassette dans l'appareil, se coucha, éteignit la lumière. Il faisait bon se pelotonner sous les couvertures ; il appréciait les draps propres et bien raides, la couverture chaude et le couvre-lit. Il irait souvent à l'hôtel avec Sharon. Plaçant l'écouteur à son oreille droite, il poussa le bouton «marche» de l'appareil. Pendant quelques instants, on n'entendit que le bruit d'une voiture, puis le faible crissement des freins, une porte qui s'ouvre, et sa propre voix, amicale, secourable. (à suivre...)