Tactique Les photos en couleur des victimes ont été publiées par les médias chinois, 25 adolescents, repérés dans des cybercafés ou des «arcades» de jeux vidéo, puis assassinés. D?autres journaux ont également rapporté qu?un homme a poignardé 65 personnes dans quatre provinces différentes. Le gouvernement chinois travaille sans relâche pour présenter une image idyllique de cette nation, un pays où les masses sont en sécurité et où une population de plus en plus aisée recueille les récompenses des politiques sociales et économiques du Parti. Ce concept se préoccupe bien plus de la politique que de la sûreté du public. Mais les articles particulièrement affreux du week-end du 16 novembre (les arrestations de ces deux tueurs en série, une affaire abominable de trafic d?humains dans le sud-ouest du pays, une autre aussi horrible de viols en série et des empoisonnements volontaires à la mort aux rats) menacent de saper cette belle illusion. Ce genre de crimes horribles a un énorme impact sur la sensation qu?a la population d?être ou non en sécurité, et peut ébranler la stabilité de la société. Comme souvent en Chine, les faits concernant les récents actes de violences sont difficiles à trouver. Les «officiels» ne révèlent pas grand-chose et renvoient les journalistes curieux au ministère de la Sécurité publique. Il est possible que le gouvernement ait permis que ces articles soient publiés afin de prouver que les autorités font du bon travail et appréhendent les criminels. En réalité, les informations sont peut-être moins contrôlées qu?auparavant. Bien que plusieurs «officiels» aient confirmé les 65 meurtres, un porte-parole de la police a affirmé que «tout cela n?est que pure fiction». Yang Zhiya, 35 ans, un ancien prisonnier (pour viol et cambriolage) abandonné par sa petite amie, a été arrêté lors d?un contrôle d?identité et lié aux meurtres (et parfois aux viols post mortem) de 65 personnes dans les provinces de Henan, Hebei, Shandong et Anhui. Selon Le Beijing News, «il voulait désespérément se venger de la société». Il a été appréhendé le 3 novembre dans la province de Hebei, non loin de Beijing. On ne sait pas encore réellement s?il a été inculpé de quoi que ce soit. La police a seulement expliqué que Yang voyageait de ville en ville à bicyclette, et que de nombreuses victimes étaient des paysans. Il semble qu?il ait tué plusieurs familles. Une attention encore plus grande a été donnée aux meurtres de 25 adolescents, attirés par une promesse d?emploi dans des cybercafés ou des «arcades», dans la province centrale de Henan, sans doute parce que les parents des victimes ont proposé des photos de ceux-ci. Les journaux ont d?ailleurs affirmé que certains parents avaient demandé à la police de patrouiller plus souvent aux abords des cybercafés, en vain. Les autorités affirment que 18 corps ont été découverts enterrés chez Huang Yong, un ancien militaire de 29 ans, arrêté le 12 novembre après que sa dernière victime, un adolescent de 16 ans, est parvenue à lui échapper alors qu?il la torturait. Les journaux expliquent que Huang aurait avoué avoir assassiné 25 adolescents en deux ans, mais que «le mobile est un mystère». Il faut ajouter à cela l?annonce par le gouvernement, le 15 novembre, de l?arrestation de 37 membres d?un gang qui avait enlevé et vendu 150 femmes et 27 enfants dans six provinces, l?arrestation d?un homme qui aurait violé au moins 37 femmes âgées (parce qu?elles sont «faciles à contrôler»), des articles datés du 14 relatant la manière dont une personne en a empoisonné une autre lors d?un mariage, et l?annonce par la police du sud du pays de l?arrestation d?un couple pour les meurtres de 12 femmes auxquelles ils avaient promis du travail? et vous imaginez dans quel état d?esprit se trouve la population. C?est particulièrement vrai dans un pays où beaucoup pensent encore que l?autorité centrale ne peut les protéger des dangers locaux. La plupart des gens qui ne vivent pas dans les grandes villes considèrent que les lois n?existent pas pour les défendre, mais uniquement pour les contraindre. Et l?on comprend mieux leurs pensées lorsque l?on sait que de nombreux meurtres ne font jamais les gros titres et que des gens disparaissent sans laisser de traces. Selon de nombreux comptes-rendus officiels, la Chine est un pays raisonnablement sûr. Mais des chiffres objectifs et fiables sont impossibles à obtenir. En août 2003, le gouvernement chinois a affirmé qu?à Beijing seul, depuis 2001, 14 412 criminels ont été condamnés pour des crimes violents, meurtres, pyromanie, cambriolage ou pose de bombe. Mais le gouvernement n?a pas dit combien d?affaires n?ont jamais été résolues.