Symbolique n Même si le chemin est encore «très long» pour une normalisation politique et sécuritaire en Irak, l'accord conclu hier constitue une lueur d'espoir. Les principaux groupes politiques et confessionnels irakiens sont parvenus à une entente à l'arraché mais, si elle satisfait Washington, son succès à faire progresser la sécurité dans le pays reste à démontrer. L'accord annoncé dimanche soir entre les dirigeants chiites, sunnites et kurdes doit encore être soumis à l'approbation du Parlement dont la rentrée est prévue le 4 septembre. Le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, le président kurde Jalal Talabani, le vice-président sunnite Tarek al-Hachemi, le vice-président chiite Adel Abdel Mehdi et le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, ont fait une rare apparition commune à la télévision après l'annonce de l'accord. Cet effort de réconciliation politique, considéré par les Etats-Unis comme indispensable pour le succès de leur récente offensive contre les groupes rebelles et les extrémistes d'Al-Qaîda en Irak, a été immédiatement salué par Washington. L'accord intervient à point nommé pour le président George W. Bush, confronté à des critiques croissantes aux Etats-Unis sur l'absence de perspectives de solution en Irak. Son administration doit faire, dans deux semaines, un rapport devant le Congrès sur le résultat de l'escalade militaire entamée en janvier. Le gouvernement irakien est paralysé depuis plusieurs mois par des querelles intestines entre sunnites et chiites qui ont provoqué le départ ou le boycottage de 17 des 40 ministres. La présence dimanche du vice-président al-Hachemi, pilier du groupe politique sunnite, ne présage cependant pas un retour de fait du bloc sunnite au gouvernement au moment où les appels au remplacement du Premier ministre irakien se multiplient aux Etats-Unis. Les grandes lignes du compromis, qui a demandé plusieurs semaines de discussions, prévoient notamment un allégement - exigé par les partis sunnites - des restrictions à l'égard des anciens membres du parti Baas, dont la direction était toute-puissante à l'époque de Saddam Hussein. L'appartenance au parti Baas était une obligation pour les militaires, les policiers et les fonctionnaires s'ils voulaient progresser dans leurs carrières. Toutefois, seul l'échelon supérieur du parti avait un pouvoir de décision. L'exclusion des emplois publics des membres du Baas avait été une des premières mesures prises par l'administrateur américain Paul Bremer, après l'invasion de mars 2003, avec la dissolution de l'armée. Ces deux mesures avaient été par la suite considérées comme de graves erreurs qui avaient grossi les rangs de la rébellion anti-américaine. Une loi de réconciliation «pour garantir la justice et la transparence pour tous» devrait remplacer la loi sur la «débaassification». Des élections régionales doivent être également organisées dans les 18 provinces irakiennes pour désigner des conseils régionaux.