Le vice-président américain Joe Biden, en visite à Bagdad, a menacé vendredi ses interlocuteurs irakiens d'un désengagement politique du pays si la violence confessionnelle ou ethnique reprenait en Irak, a indiqué à la presse un haut responsable américain. M. Biden, qui a rencontré dans la soirée le Premier ministre Nouri al-Maliki, a affirmé que si “la violence reprenait, cela changerait la nature de notre engagement. Il a été très direct sur ce point”, a affirmé le haut responsable à la presse. “Si, en raison des actions de différentes parties en Irak, le pays devait replonger dans la violence confessionnelle ou tomber dans la violence ethnique, alors ce n'est pas une chose qui nous permettrait de rester engagé car ce ne serait pas dans l'intérêt du peuple américain”, a-t-il ajouté. Interrogé pour savoir s'il s'agissait d'une menace, le responsable a affirmé : “Cela est une description de la réalité.” “Des quantités énormes de sang ont coulé, des ressources ont été dépensées pour aider l'Irak à se relever. Nous voulions que cela arrive, mais il n'y a aucune volonté de recoller les pots cassés encore une fois si, par l'action de certains, l'Irak devait s'effondrer”, a insisté le haut responsable. Le responsable a reconnu que Washington exerçait une “pression” sur Bagdad. Mais, a-t-il estimé, cette menace “crée une importante motivation” pour les Irakiens. Selon lui, les responsables irakiens sont d'accord sur les problèmes à régler en priorité pour stabiliser le pays, comme l'intégration de toutes les composantes ethniques et confessionnelles dans le processus politique et le statut de la ville de Kirkouk (Nord). La question de Kirkouk est liée à la répartition des richesses pétrolières : la “Constitution” kurde, qui devrait être ratifiée fin juillet, stipule que la province multiethnique de Kirkouk doit être annexée au Kurdistan, ce que le gouvernement central rejette fermement. “Le président (Barack Obama) et moi-même sommes heureux du long chemin parcouru par l'Irak depuis un an, mais la voie menant à la paix et la stabilité est encore difficile. Ce n'est pas encore fini”, a affirmé plus tôt M. Biden à des journalistes après l'entretien avec M. Maliki. “Les Irakiens doivent prendre des mesures politiques et utiliser le processus politique pour résoudre leurs différends et faire avancer leur intérêt national”, a ajouté M. Biden. Il a assuré que les Etats-Unis “restent prêts, si l'on nous le demande, à aider dans ce processus”. Il a également qualifié le retrait des troupes américaines des villes irakiennes, le 30 juin, “d'étape très importante sur le chemin d'un Irak stable, sûr et autonome”. Le Premier ministre irakien a de son côté estimé que le retrait américain des villes “confirme la crédibilité des accords” signés avec les Etats-Unis. “Ces accords sont fidèlement respectés”, a-t-il insisté, en référence à l'accord de sécurité signé en novembre dernier qui a ouvert la voie au désengagement total des forces américaines en 2011.