En dépit de son sentiment de jalousie qui, néanmoins, n'était pas de nature destructrice, Aïcha (radhyallâhou'anha) était vraiment une âme généreuse et patiente. Elle supportait avec le reste de la famille du Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) la pauvreté et la faim, qui, souvent, durèrent longtemps. Pendant des jours interminables, aucun feu n'était allumé dans la maison du Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) qui était modestement meublée pour cuisiner ou cuire le pain, et ils vivaient simplement de dattes et d'eau. La pauvreté ne lui a causé ni détresse ni humiliation. Et la suffisance, quand elle est venue, n'a pas altéré son style de vie. Une fois, le Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) demeura loin de ses épouses pendant un mois car elles l'avaient attristé en lui demandant ce qu'il n'avait pas. C'était après l'expédition de Khaybar, quand une hausse des richesses aiguisa l'appétit de ceux qui étaient présents. De retour de cette retraite qu'il s'était lui-même imposé, il se rendit en premier à l'appartement d'Aïcha (radhyallâhou'anha). Elle fut enchantée de le voir mais il lui annonça qu'il avait reçu une révélation qui lui ordonnait de leur proposer deux options. Il récita alors les versets suivants : «O Prophète ! Dis à tes femmes : Si vous désirez la vie de ce monde et son faste, venez ! Je vous procurerai quelques avantages puis je vous donnerai un généreux congé. Si vous recherchez Dieu, son Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) et la demeure dernière, sachez que Dieu a préparé une récompense sans limite pour celles d'entre vous qui font le bien.» (Sourate 33/versets 28-29) Aïcha (radhyallâhou'anha) répondit : «En effet, je désire Dieu, Son Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) et la demeure dernière.» Et sa réponse fut suivie par toutes les autres. Elle s'est tenue à son choix pendant la vie du Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) et après. Plus tard, quand les musulmans ont été gratifiés par d'énormes richesses, elle reçut un cadeau de cent mille dirhams. Elle jeûnait quand elle reçut cet argent? Elle distribua alors la somme entière aux pauvres et aux nécessiteux bien qu'elle n'ait aucune nourriture chez elle. Peu après, sa servante lui dit : «Tu aurais pu acheter de la viande pour un dirham ? et ne pas distribuer ainsi l'intégralité de l'argent reçu ? viande avec laquelle tu aurai pu rompre le jeûne?» «Si je m'en étais souvenu je l'aurais fait», répondit-elle. L'affection du Prophète (sallallâhou 'alayhi wa sallam) pour Aïcha (radhyallâhou'anha) dura jusqu'au dernier moment de sa vie. A la fin de sa maladie, il restait chez Aïcha (radhyallâhou'anha), suivant la suggestion de ses épouses. (à suivre...)