Anarchie n Au niveau de la gare ferroviaire d'Alger (Agha), rien ne donne envie de prendre place dans le train assurant la liaison Alger-Blida. Au niveau des guichets de la gare de l'Agha, l'accueil est plutôt froid. «Excusez-moi, à quelle heure arrive le prochain train de Blida ?», demandons-nous à un agent occupé à discuter avec une collègue. «Je ne sais pas ! Allez vous renseigner au guichet n° 7 !», nous répond-il. Les voyageurs, de passage, qui veulent se rendre dans la banlieue sont contraints de demander les horaires à d'autres voyageurs. «On n'est pas poli ici, on est mal accueilli. Un jour, un guichetier m'a dit : je suis ici pour encaisser, je ne suis pas payé pour donner des informations aux voyageurs. Il faut reconnaître tout de même qu'il y a toujours des exceptions», souligne une quinquagénaire qui se renseignait sur les horaires du départ des trains en direction de Blida. En effet, le manque de respect des horaires des trains est à déplorer au niveau de la gare de l'Agha. «Un exemple, on marque sur le billet l'heure exacte où le train devrait arriver ou partir. Mais ce n'est jamais le cas. Souvent, le train arrive et part en retard de plus d'une … demi- heure. Mais comme en Algérie tout peut arriver, parfois le train arrive …en avance et repart immédiatement. Les voyageurs sont donc contraints d'attendre le prochain train ou se trompent de train ...», explique un agent de sécurité. Dans le train qui nous rappelle celui des pionniers de l'Ouest américain, tout est à déplorer. Les sièges, en plastique dur, ne mettent pas le voyageur à l'aise. «Imaginez un vieillard qui colle son dos durant plus d'une heure contre un siège aussi inconfortable avec les secousses interminables le long du voyage. On est loin des trains des pays européens où prendre ce type de transport est un véritable plaisir», se plaint un sexagénaire, certainement nostalgique des années passées outre-mer. Ce dernier, et pour oublier peut-être ce malaise, s'est plongé dans un journal. Ces sièges, une dizaine seulement dans chaque voiture, sont tous saccagés et sont bancals. Les portes sont souvent ouvertes car le mécanisme de fermeture ne fonctionne pas. «Les enfants et les adolescents risquent leur vie à chaque voyage, car curieux, ils s'amusent à se mettre debout devant les portes. En cas d'un freinage brusque ou dans un virage dangereux, c'est la chute fatale», explique un agent de sécurité qui a reconnu qu'il ne conseille plus à ces gens de s'éloigner des portes. «Je ne peux pas répéter ça à chaque fois, en plus je risque d'avoir des problèmes avec eux. Chaque fois ils me disent wach dekhlek ? (en quoi cela te regarde-t-il ?) Alors qu'ils aillent en enfer ... !», dit-il.