Les statistiques communiquées par les différents responsables chargés de l'emploi distillent une dose de rêves les plus fous. Les plus éminents politiciens et économistes du monde y donneraient leur langue au chat. Mais peut-on réellement résoudre les problèmes de l'emploi et de la précarité par la seule éloquence des chiffres ? Le chômage en Algérie, selon les déclarations du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbas, rapportant le résultat d'une enquête sur l'emploi émise par l'Office national des statistiques (Ons) pour 2006, a été ramené à 12,3% alors qu'il était de 15,3% en 2005. Ce qui représente un gain de 2 points en 1 an. Ce taux devrait baisser encore davantage pour atteindre 9% à l'horizon 2009, selon les responsables qui tablent sur la création de 2 millions d'emplois à l'horizon 2009. Rappelons à ce propos que le taux de chômage en 1999 était de 30,7%. Le ministre a mis en exergue les différents organismes nationaux d'emploi à l'instar de l'Ansej, de l'Angem, de la Cnac et de l'Ads. Ces organismes ont permis de créer 524 000 emplois rien qu'en 2005 et plus de 500 000 autres en 2006. Ces chiffres optimistes faisant croire à une relance économique certaine cachent quand même un hiatus extrêmement dangereux. Un espoir déçu plus dramatique encore que l'attente pour le chômeur. En effet, un jeune Algérien à la recherche d'un emploi peut être patient et volontaire tout en gardant au fond de lui un espoir entretenu par le rêve de trouver un jour, le travail pour lequel il est fait. Du jour au lendemain, ce même jeune peut voir son rêve se réaliser ou du moins en avoir l'illusion car en fait de débouché il se trouve placé à un poste où son énergie, son savoir-faire et son espoir sont pompés, absorbés et ses rêves brisés, et où il a la conviction d'être mal exploité dans un travail qui, en outre, ne lui épargne même pas la peur du lendemain... Une situation qui peut tuer la volonté et donc briser les ambitions de ce jeune, et de milliers comme lui. Dans ce sens, il reste bon de savoir que les contrats de travail à durée indéterminée (CDI) sont devenu de plus en plus rares. En décortiquant les chiffres de l'Agence nationale de l'emploi (Anem) de 2006, on s'aperçoit que 81,36 % des demandes d'emplois satisfaites sont temporaires (CDD). La précarité est donc légion. On peut bien sûr expliquer cet état de fait par les emplois créés au titre des grands projets et chantiers lancés par l'Algérie ces dernières années, et qui par principe, ont une fin, mais avec plus de 80 % de postes précaires on ne peut dire que le problème du chômage est réglé. Selon certaines études, le CDD représenterait 70 % du chiffre global de l'emploi dans notre pays. Par ailleurs, on semble ignorer un autre paramètre très important qui est celui de la valeur ajoutée. ?conomiquement parlant, et tous les spécialistes le confirment, si la création d'emploi ne crée pas de valeur ajoutée, elle est inutile et éphémère. ? l'ère du marché mondial et de la concurrence où l'Algérie compte adhérer à l'Omc, il est impératif pour une entreprise d'être concurrentielle. Pas de dépense inutile, on embauche moins tout en gardant comme objectif le chiffre d'affaires. Mais qu'en est-il des licenciements et autres compressions d'effectifs dus aux différentes restructurations ?