Résumé de la 1re partie n A la fin des années 1960, Ali B., qui habitait jusque-là, la campagne, a acheté une maison de maître à Oran. Comme prévu, la vieille Hadda refuse d'aller habiter dans la grande ville. — Comment, gronde-t-elle son fils, parles-tu d'abandonner la terre de tes ancêtres ? C'est dans cette maison que tu es né et que ton père est né ! C'est ici que sont nés tes enfants ! Ali lui parle doucement. — Mère, le village se meurt ! Mes deux frères sont partis à l'étranger, mes cousins sont allés vivre dans la grande ville, et les gens n'arrêtent pas de s'exiler ! — Les autres sont partis parce qu'ils n'ont pas de travail, toi, tu as une bonne situation ! — Je ne travaille pas au village ! — Mais tu peux y revenir tous les jours ! — Tous mes clients sont en ville... Et puis, je voudrais aussi améliorer notre confort, envoyer les enfants à l'école, te soigner... Ici, il n'y a ni médecin ni hôpital ! La vieille secoue la tête. — On est bien ici ! — Imagine que tu tombes malade... — Je suis déjà malade ! — A Oran, tu seras mieux prise en charge ! Elle le repousse des deux mains. — Va, va, prends tes enfants et ta femme et va habiter en ville, moi je reste ici, je garderai la maison... Peut-être tes frères reviendront-ils un jour ! C'est au tour de Ali de secouer la tête. — Mère je ne peux te laisser ici ! — Alors reste ! — Je viens de t'expliquer pourquoi je veux partir ! — Je ne peux vivre enfermée dans un appartement vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Ali éclate de rire. —Tu croyais que c'était un appartement ? C'est une maison, maman, une maison comme celle-ci ou même mieux puisque c'est une maison de roumis ! Avec un étage, un jardin... Oui, un grand jardin où tu pourras planter tout ce que tu voudras : La vieille fait quand même la moue : — Une maison de roumis... elle doit être souillée ! Ali rit encore. — Nous la désinfecterons ! — Tu as dit un jardin, de la terre... — Oui, c'est très aéré, comme ici ! La vieille secoue la tête : — Comme ici, tu ne trouveras pas... bon, je veux bien partir avec vous mais si cela ne me plaît pas, je reviendrai ? — C'est promis ! Mais je suis sûr que ça te plaira ! Ali a gagné la manche. Il va aussitôt l'annoncer à sa femme. — Je vais engager les travaux de rénovation dès demain, dès que ce sera fini, nous emménageons ! (à suivre...)