Représentation n Le théâtre régional de Constantine a présenté, hier, au Théâtre national, la générale de Le pêcheur et le palais. Adaptée du roman de Tahar Ouettar par Omar Fatmouche et mise en scène par Azeddine Abbar, la pièce raconte les péripéties d'un pêcheur, Ali, qui a eu l'initiative, en vue de rapprocher la masse populaire de la classe dirigeante, d'offrir un présent au roi qui a échappé à un attentat. Un jour qu'il pêchait en haute mer, une coquille gigantesque choit dans son filet ; quelle ne fut sa surprise lorsqu'il l'ouvre : une sirène, à l'allure et à la beauté enchanteresse. Il décide alors de l'offrir au roi en vue de rapprocher le peuple de lui et inversement. Il fait aussitôt part aux villageois de ses intentions mais Ali essuie un refus catégorique de la part de ses compatriotes. Désappointé, il s'en va de village en village, d'une ville à l'autre, clamant son intention et sollicitant les uns comme les autres à faire comme lui. Mais à aucune de ses haltes, le pêcheur ne trouve écho à sa demande. Il continue toutefois sa quête, et au bout de son périple, il arrive au palais… La pièce, qui se veut un conte populaire, véhicule un discours à caractère politique : l'auteur dénonce subtilement le fossé existant entre le citoyen et le politique, l'absence de dialogue entre les dirigeants et le peuple. Il pose en somme la délicate problématique gouvernant/gouverné. Cette pièce renvoie à la réalité sociopolitique algérienne où la communication ne fonctionne que dans un seul sens. S'agissant, d'autre part du jeu, il se révèle par la présence scénique des comédiens, hommes ou femmes, aisé, clair et fluide ; les comédiens ont assuré, même si le temps de parution varie d'un protagoniste à l'autre, selon le rôle endossé par chacun, l'interprétation a attiré, d'un bout à l'autre, l'attention de l'assistance. Le langage qui a ponctué le jeu, langage populaire, c'est-à-dire le dialecte, a rendu la teneur du texte simple et sa compréhension aisé. L'expression langagière à laquelle est venue s'ajouter l'expression scénique – toutes deux se sont révélées nettes et naturelles – ont agi sur la pièce de manière à la rendre attractive. Il manquait toutefois une part de dramaturgie, ce qui donne au jeu du contenu et du degré. La pièce ne se voulait pas au premier abord un lieu de réflexion mais plutôt un fin mélange d'humour, donc de divertissement, et d'intellectualité, histoire de rendre le jeu plus aéré.