Profitant de l'exonération des droits de douanes et de la TVA, des importateurs véreux n'ont pas trouvé mieux que de remplir des containers entiers de ce tubercule faisandé et infesté, pour le vendre ensuite dans les marchés. Aveuglés par l'aubaine que représente la décision de l'Etat et le profit à engranger, ces importateurs mettent la santé des citoyens en danger. Importées de Turquie, 3 000 tonnes de pommes de terre infestées par un parasite ont été saisies, samedi, au port d'Alger. Au niveau du port d'Oran, 20 tonnes de ce tubercule faisandé ont également été saisies, révèle la direction du commerce de la wilaya. Au niveau d'Alger, c'est la saisie ces derniers jours de 10 tonnes de pommes de terre pourries au marché de gros des Eucalyptus (ouest d'Alger). La marchandise, importée du Canada, était destinée, selon certaines sources, à la consommation animale. Information que démentira plus tard la direction du commerce d'Alger. Et ces affaires ne représentent certainement, que la partie visible de l'iceberg. La pénurie et la cherté de la pomme de terre depuis ces derniers mois ont vu les spéculateurs et autres opportunistes de tout bord entrer en action. Profitant de la décision de l'Etat qui a opté pour la suppression des droits de douanes et de la Taxe de la valeur ajoutée (TVA) sur les opérations d'importation de la pomme de terre, des importateurs avides de gains rapides et à n'importe quel prix, ont investi le créneau. Ces pseudo-importateurs ne reculent devant rien pour assouvir leur soif d'argent. Ni la morale, ni la peur des poursuites, ni même celle de nuire à la santé des autres. Leur avidité, leur cupidité les a menés à importer, sans retenue aucune, de la pomme de terre impropre à la consommation. Car, ce sont des conteneurs entiers qui ont été saisis. Des millions de dinars. Et cela va de la pomme de terre destinée à l'alimentation des animaux (et pas n'importe lesquels, les porcs svp), à l'infection par des insectes et autres virus. Adepte de la politique de réaction plutôt que de celle de l'action, le gouvernement réagit encore une fois a posteriori pour mettre un terme à ces pratiques. Hier, le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaâboub, a souligné la nécessité de la création d'un office national. Encore un. Après celui du lait et des céréales. Le tour de la pomme de terre est arrivé. Selon le ministre du Commerce, l'Office national interprofessionnel qui verra la participation de tous les acteurs à l'instar des opérateurs, des agriculteurs et des transformateurs, aura pour principale mission de réguler le marché de la pomme de terre. Il a révélé «la disponibilité de l'Union nationale des paysans algériens (Unpa), la Chambre nationale de l'agriculture (CNA), les propriétaires des chambres froides et les usines de transformation, en vue d'assurer l'autosuffisance et garantir l'approvisionnement régulier du marché national en pomme de terre». Autre décision importante qui, de l'avis du ministre, pourra mettre un terme à la situation actuelle du marché, c'est la création d'un fonds spécial pomme de terre qui sera à même de concrétiser l'autosuffisance pour ce tubercule devenu, par la force des choses, la star des étals.