Tâche n D'habitude, les personnes employées à la cantine scolaire de l'école Bachir-Ibrahimi, cuisinent pour les 600 élèves et enseignants qui viennent manger durant l'année scolaire. Ce sont des vacataires qui touchent moins de 10 000 DA , ou des travailleuses dans le cadre du filet social qui ne perçoivent que 3 000 DA par mois. Toutes, sans exception, n'ont aucune autre ressource, disent-elles. Elles sont, elles aussi, des cas sociaux nécessitant une attention particulière. Le comble c'est que ce sont toutes, hormis une jeune fille qui vient de commencer le travail il y a six mois, des veuves ou des divorcées avec des enfants à charge. Mais malgré leurs soucis et leurs problèmes, elles disent : «Cela ne fait rien, nous sommes là pour servir les jeûneurs qui sont dans des situations pires que la nôtre.» A 12h 45min, les 7 femmes ont déjà une idée du menu : des haricots verts en sauce, de la chorba et un hors-d'œuvre (salade verte, tomates et œufs durs). Elles se répartissent aussitôt les tâches. Sans commentaire, les unes épluchent les légumes et les autres préparent les grandes marmites. Aouicha est une jeune veuve de 41 ans. Elle travaille dans le cadre du filet social depuis 3 ans. Elle est mère de 4 enfants. C'est grâce à sa famille qu'elle arrive à faire face à la demande de ses enfants. «Je m'estime heureuse car au moins ma famille et celle de mon défunt mari m'aident à éduquer mes enfants. Et Hamdou lillah, mon mari m'a laissé dehors un logement décent. En outre l'Etat a pris en charge les livres scolaires. Je suis heureuse car ma fille a eu son bac l'année passée, c'est là, le fruit de mes sacrifices.» El hadja Malika Esserhane, elle, n'a pas la «chance» de Aouicha. Malika a été chassée avec sa famille du garage qu'elle occupait avant le décès de son mari pour non-payement de loyer. Vacataire, elle a 2 garçons et 1 fille à charge. Tous sans emploi. Elle occupe, actuellement, et ce, depuis 4 ans, une cave à Haouch Dispo sur la route de Mered. L'un de ses enfants, père d'un enfant, vit séparé de sa femme faute de logement. «Je mène une vie de misère et de problèmes dans une cave mitoyenne avec l'écurie des voisins. N'ai-je pas droit à un logement décent ? Cela fait 10 ans que j'ai déposé mon dossier de demande de logement social», se désolera-t-elle. L'une d'elles a envoyé ses enfants dans sa famille pour leur assurer une vie décente et stable, une autre a préféré garder sa fille et laisser le garçon à son ex-mari.