Dans les vieilles maisons de la médina de Blida, les préparatifs pour le mois sacré du ramadan touchent pratiquement à leur fin, avec un rituel immuable dans cette ville nichée au creux de la vallée de Sidi El-Kebir et qui date de moins de cinq siècles. Les traditions ont la peau dure dans la vieille médina de Blida, «les douérate» où chaque famille, après le grand nettoyage des pièces parfois très exiguës et le chaulage des maisons, accorde un intérêt particulier à l'entretien des vieux ustensiles de cuisine. Parmi toute la vaisselle très souvent en porcelaine de Chine, comme il sied dans les vieilles familles de la cité, il en est pourtant une qui capte tout l'intérêt des vieilles femmes : la marmite pour la préparation de la chorba du mois de ramadan. A Blida, il est inconcevable que la chorba du f'tour se cuisine dans un autre ustensile qu'une marmite en terre cuite, particulièrement en argile rouge, la bonne et vieille argile qu'on trouve sur les piémonts de Chréa ou près de l'oued Sidi El-Kebir, du nom du saint fondateur de la ville vers 1430 de l'ère chrétienne. Dans les vieilles familles de la cité, on ressort donc les vieux ustensiles en argile ou en terre cuite, ceux pour la chorba, les tadjine et les salades, mais également les ustensiles en cuivre, comme les grands plateaux pour recevoir les plats en argile ou les théières pour le thé de la soirée et les assiettes de gâteaux traditionnels.