Le chef du gouvernement a laissé entendre qu'il bénéficie de la confiance du président de la République. Abdelaziz Belkhadem ne quittera ni le gouvernement ni la direction du FLN. Hier, il a décidé de sortir de son long mutisme pour affirmer, sans équivoque, qu'il restera à la tête de l'Exécutif «jusqu'au jour où le président de la République décidera de me remercier», dira-t-il. Approché par L'Expression en marge de l'ouverture de l'Année judiciaire, le chef du gouvernement a commencé par esquiver la question: «Non, je ne répondrai pas aux spéculations faites autour de mon départ de la chefferie du gouvernement et dont la presse fait écho depuis la rentrée sociale», réplique le chef de l'Exécutif. Belkhadem a choisi de se taire parce que «tout ce qui se dit autour de mon prétendu départ est infondé et ne mérite aucun commentaire». Et à M.Belkhadem d'enchaîner: «Je rappelle que seul le président de la République est en mesure de mettre fin à ma mission. Les autres n'ont pas le pouvoir de décision», fait-il remarquer. Et pour le moment, le courant semble bien passer entre les deux hommes. Hier, au buffet organisé en marge de l'ouverture de l'Année judiciaire, à la Cour suprême, Belkhadem semblait très à l'aise aux cotés du président avec qui il a échangé des propos. Le chef du gouvernement qui parle de «spéculations» et de «propos infondés» ne néglige pas pour autant les motivations de «leurs instigateurs» Et dans toute cette campagne «menée tambour battant», il se sent personnellement visé. «Lorsque j'étais à la tête du ministère des Affaires étrangères, je fus la cible d'une campagne de dénigrement similaire à laquelle on assiste aujourd'hui», rappelle-t-il. Mais les choses ne se sont pas arrêtées à ce stade, «lorsque, ajoute-t-il, le président m'a nommé à la tête de l'Exécutif, beaucoup de voix se sont élevées contre ce choix». Qui veut discréditer Belkhadem? Pour quelle raison? Et à qui profite cette situation? Tout en donnant l'impression de détenir des détails sur les «dessous» de ce dossier, notre interlocuteur se montre très peu prolixe. «J'aurai l'occasion de répondre à vos questions prochainement, lors d'une conférence de presse que je compte organiser bien sûr en tant que chef du FLN.» Belkhadem est apparu hier, très sûr de lui, aucunement affaibli par les tirs à boulets rouges qu'il subit depuis la rentrée sociale, à cause de ses choix économiques. Les dernières critiques adressées au gouvernement par le président de la République, au sujet de la stratégie de l'emploi ont fait dire à certains observateurs que les jours de Belkhadem sont comptés. Cet aveu d'échec exprimé par le président est venu comme un appui aux contestations qui ont fini par faire tache d'huile au niveau du front social. Ce malaise a fait réagir le prédécesseur de Belkhadem, habituellement très discret, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND qui a rejoint le front anti-Belkhadem, en qualifiant «de populistes» ses orientations économiques jeudi sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale. Durant ces trois derniers mois, le chef de l'Exécutif a donné l'image d'un homme isolé. La crise de la pomme de terre et la flambée des prix des produits de large consommation n' ont fait que compliquer sa tâche. Hier, il a voulu démontrer tout à fait le contraire, en criant à qui veut l'entendre qu'il bénéficie de la confiance du chef de l'Etat sinon «je ne serais pas là aujourd'hui», affirme-t-il. Le gouvernement travaille sereinement sur des dossiers très importants. «Cette lourde mission que j'assume avec honneur et sérénité me place au-dessus des rumeurs colportées contre ma personne.» Dans un autre chapitre, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) a réduit l'ampleur des contestations qui s'élargit au niveau de sa base. «Le parti se porte bien et M.Abdelaziz Belkhadem restera à sa tête. Rien ne motive mon départ» a-t-il répondu à une question de L'Expression. Comment expliquer la série des démissions des militants FLN issus des différentes sections à travers le pays? Qu'en est-il aussi des pétitions qui exigent le départ du secrétaire général de la direction des parti? Belkhadem est convaincu que cette vague de colère va se calmer après les élections locales. «Nous avons 53.000 candidats, il fallait sélectionner 23.000 pour la course électorale du 29 novembre et nous croyons avoir fait les bons choix», défend-il. Belkhadem estime normale et naturelle la fronde enregistrée au sein de la base. «Nous avons vécu cela avec les élections législatives. Mais les choses sont rentrées dans l'ordre après.» Belkhadem sourit lorsqu'on lui fait état d'une information publiée par un confrère donnant le nom de l'ex-chef de gouvernement, M.Mouloud Hamrouche comme successeur de Belkhadem à la tête du FLN. «Je ne connaîs pas la source de cette information, mais je dis là aussi qu'elle rentre dans le cadre des spéculations», conclut-il.