Coutume n Comme à chaque veille de l'Aïd el-fitr, plusieurs villages de cette wilaya renouent avec timechreth ou laouziaâ, une tradition de solidarité et d'entraide communautaire enracinée depuis des temps lointains. Cette vieille tradition qui signifie littéralement «partager la viande pour la donner aux pauvres», encore bien enracinée dans la région, consiste en l'immolation, la veille de cette fête religieuse synonyme de bonheur et de joie pour tous, de plusieurs veaux ou moutons et dont la viande sera distribuée, avec équité, aux pauvres et aux riches du même village. Les villages de R'djaouna et Boukhalfa, dans la banlieue de Tizi Ouzou, sont un prototype de ces communautés où cette tradition séculaire se perpétue grâce à des associations et comités de villages dont les membres sont à pied d'œuvre, depuis le début de cette semaine, en vue de mettre les dernières touches à cette opération de solidarité. Lounis, un des anciens membres les plus actifs du comité de village de R'djaouna, explique que «l'organisation d'une timechret est précédée d'une estimation de la quantité de viande nécessaire pour répondre aux besoins de tous les habitants du village, puis du coût global des têtes de bétail à immoler». Ensuite, il sera procédé à la collecte des contributions financières versées par les familles aisées au responsable du village. Les familles pauvres et nécessiteuses sont exemptées de cette opération à laquelle prennent également part des bienfaiteurs. Mais, tous les habitants du village se font un point d'honneur de contribuer, d'une manière ou d'une autre, au succès de cette action. A R'djaouna, bourgade de quelque 14 000 âmes, située sur les hauteurs de Tizi Ouzou, il est généralement procédé à l'immolation de 7 veaux, à la vielle de l'Aïd el-fitr, sur la place du village, près d'une source d'eau. L'opération est effectuée de préférence par le sage du village ou un homme assisté par des habitants. Après la prière de l'Aïd et le retour des femmes du cimetière suivent les congratulations d'usage à l'occasion de la fin du ramadan. Ensuite, les habitants se dirigent, un récipient à la main et en compagnie de leurs enfants, vers la place centrale du village. Ils assisteront ainsi à l'opération de partage de la viande en morceaux d'égale grosseur, puis leur division en tas appelés sehma, qui seront ensuite distribués à chaque famille du village suivant le nombre des membres, après la prière du d'hor. La fête de timechret se poursuit par une lecture de la sourate de la fatiha et d'une invocation de Dieu afin qu'il perpétue ses bienfaits sur les gens présents à cette cérémonie de partage communautaire.