Jusqu'au début des années 1990, la vie et l'activité avaient un rythme soutenu et un charme discret propre aux patries de labeur et d'authenticité à Ighzer. Le village se réveille en 2000 avec une population expatriée, le plus souvent vers Raffour, et une gueule de bois caractérisant les lendemains d'un vertige inattendu. Les années de terreur intégriste, qui ont marqué la RN15 (Aghbalou - Tizi Ouzou par le col de Tirourda), ont instauré de nouveaux comportements, fait fuir des habitants de leurs foyers et dégarni ainsi des contrées entières de ce qui était la sève et la substance de la montagne. Aujourd'hui, Ighzer Uwaqur voit ses anciens habitants le visiter pour les travaux des champs ou pour une tâche particulière. Une grande partie d'entre eux se sont installés ailleurs. Les sentiers s'obstruent peu à peu avec des rideaux de ronces ou d'asparagus. Les arbres fruitiers non entretenus crient leur détresse de ne pas être regardés comme jadis. Les demeures sont fragilisées. Il faut dire qu'avec le déplacement des populations, de nouveaux besoins surgissent (services, école, santé, transport,…). Ce qui rend la réinstallation des foyers plus délicate. Au silence hébété du visiteur scrutant de tous côtés une présence humaine, répond une sensation de vacuité solennelle, de vide céleste au pied de Lalla Khadidja.