Résumé de la 1re partie n Malgré les mises en garde de la bonne vierge, l'enfant entra dans la pièce dont elle lui avait défendu l'accès. La Vierge porta la main à son cœur ; elle sentit qu'il battait et battait très fort, et s'aperçut bien qu'elle avait violé son commandement et ouvert la porte défendue. Elle lui dit encore : «En vérité, ne l'as-tu pas fait ?» - «Non,» dit une seconde fois la jeune fille. La Vierge regarda le doigt qui s'était doré en touchant la lumière du ciel, et ne douta plus que l'enfant ne fût coupable, et lui dit une troisième fois : «Ne l'as-tu pas fait?» - «Non,» dit la jeune fille une troisième fois. La Vierge Marie dit alors : «Tu ne m'as pas obéi et tu as menti ; tu ne mérites plus de rester dans le ciel.» La jeune fille tomba dans un profond sommeil et, quand elle se réveilla, elle était couchée sur le sol, au milieu d'un endroit désert. Elle voulut appeler, mais elle ne pouvait faire entendre aucun son ; elle se leva et voulut se sauver mais de quelque côté qu'elle se tournât elle était arrêtée par un épais taillis qu'elle ne pouvait franchir. Dans le cercle où elle était ainsi enfermée se trouvait un vieil arbre dont le tronc creux lui servit d'habitation. La nuit, elle y dormait, et quand il faisait de la pluie ou de l'orage elle y trouvait un abri. Des racines, des baies sauvages étaient sa seule nourriture, et elle en cherchait aussi loin qu'elle pouvait aller. Pendant l'automne, elle ramassait les feuilles de l'arbre, les portait dans le creux, et quand la neige et le froid arrivaient elle venait s'y cacher. Ses vêtements s'usèrent à la fin et se détachèrent par lambeaux ; il fallut encore qu'elle s'enveloppât dans les feuilles. Puis, dès que le soleil reprenait sa chaleur, elle sortait, se plaçait au pied de l'arbre, et ses longs cheveux la couvraient de tous côtés comme un manteau. Elle demeura longtemps dans cet état, éprouvant toutes les misères et toutes les souffrances du monde. Un jour de printemps, le roi du pays chassait dans la forêt et poursuivait une pièce de gibier. L'animal s'étant réfugié dans le taillis qui entourait le vieil arbre creux, le prince descendit de cheval, sépara les branches du fourré et s'y fraya un chemin avec son épée. Quand il eut réussi à le franchir, il vit, assise sous l'arbre, une jeune fille merveilleusement belle, que ses cheveux d'or couvraient tout entière jusqu'à la pointe des pieds. Il la regarda avec étonnement et lui dit : «Comment es-tu venue dans ce désert ?» Elle resta muette, car il lui était impossible d'ouvrir la bouche. Le roi lui dit encore : «Veux-tu venir avec moi dans mon palais ?» Elle fit seulement un petit signe de la tête. Le roi la prit dans ses bras, la porta sur son cheval et l'emmena dans sa demeure, où il lui fit prendre des vêtements et lui donna tout en abondance. Quoiqu'elle ne pût parler, elle était si belle et si gracieuse qu'il se prit pour elle d'une grande passion et l'épousa. (à suivre...)