Constat n En Algérie, l'essentiel des exportations est libellé en dollars alors que la presque totalité des importations se fait en euros. Résultat : l'envolée de la monnaie européenne se traduit par un manque à gagner trop lourd. L'euro, la turbulente monnaie européenne, ne cesse de grimper par rapport au dollar. Son dernier record est ahurissant : 1,4347 dollar ce lundi dernier ! Ce renchérissement, comme le reconnaissent les économistes et les chefs d'entreprise, s'est traduit par des répercussions fâcheuses sur l'économie algérienne. L'euro-scepticisme s'est-il déjà installé ? Avec un euro qui dépasse le seuil des 120 DA après avoir longtemps flirté avec les 100 DA, voire moins. le prix des matières premières, qui a augmenté de façon vertigineuse, est ainsi directement à la charge des entreprises nationales, qu'elles soient publiques ou privées. En moins de trois mois, l'achat des produits chimiques, le bois, l'acier, les produits de laminage du froid, le laiton, négociables sur le marché mondial via les traders que sont les multiples intermédiaires, ont renchéri de l'ordre de 30%, ce que s'est traduit, selon M. Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), «par des pertes et des bénéfices amoindris qui sont de nature à aggraver la situation des entreprises nationales dont les états financiers sont déjà peu reluisants». La difficulté est d'autant plus préoccupante que les chefs d'entreprise nationale «sont dans l'incapacité de répercuter ces augmentations sur le prix de cession des produits en raison de la farouche concurrence des produits importés de Chine et des pays du sud-est asiatique notamment». Un peu d'histoire pour nous rappeler que l'Algérie a durablement pâti du renchérissement de l'euro par rapport au dollar et la situation s'est avérée des plus compliquées du fait du manque à gagner pour l'économie nationale écartelée, il est vrai, entre des exportations (celles des hydrocarbures surtout) libellées en dollars, et des importations faites dans de larges mesures dans la monnaie européenne, puisque les marchés ciblés et les traders avec lesquels traitent nos opérateurs économiques sont localisés essentiellement dans la zone euro. Pris de cours dans la spirale d'une envolée sujette aux fluctuations des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed) et ceux de la Banque centrale européenne (BCE), nos mêmes patrons d'entreprise avaient, à l'entame de l'année fiscale 2004, établi leurs budgets sur la base d'un euro au-dessous de 90 DA, soit beaucoup moins que la parité. Résultats des courses : cette différence assez lourde en dinars s'est traduite par des pertes sèches et une aggravation de la situation financière d'un grand nombre de nos entreprises manufacturières.