Appréhensions n Depuis 2004, les prix des produits importés du Vieux continent ont sensiblement augmenté avec une poussée allant de 20 à 30%. Selon des calculs du Conseil national économique et social (Cnes), le prix des voitures dites «européennes» a connu un renchérissement de l'ordre de 30% qui devient un lourd fardeau pour les ménages ayant opté pour l'achat cash ou avec facilité de paiement, surtout du fait de la poussée inflationniste et pour laquelle le gouvernement Belkhadem a été interpellé par la Banque mondiale (B.M). Mais si les concessionnaires des différentes marques de voitures européennes reconnaissent cette flambée, somme toute expliquée et se disent être forcés de suivre uniquement la logique du marché, ceux versés dans l'importation des voitures dites «asiatiques» semblent ne pas être concernés par la dichotomie euro-dollar dans la mesure où toutes les transactions sont libellées en monnaie américaine, sans l'intrusion de traders européens comme leur présence est constatée dans les autres formes du commerce extérieur. Le secteur de l'automobile n'est pas le seul à pâtir de cette situation. Les produits semi-finis, fabriqués à partir d'intrants en provenance de l'Europe, reviennent encore plus cher au vu des fluctuations planétaires. L'euro scepticisme est ainsi aujourd'hui plus que jamais d'actualité, compte tenu du fait que depuis septembre 2004, le pays, ayant déjà des traditions commerciales prononcées avec le Vieux continent, semble incapable de chercher d'autres zones d'échanges où les transactions sont libellées dans des devises autres que l'euro. L'Algérie a très peu de marge de manœuvre en terme d'échanges après avoir signé le fameux accord d'association avec l'UE. La situation actuelle fait aujourd'hui des victimes. A titre d'illustration, un haut cadre de la société Bouteille à gaz (BAG), sise à la zone industrielle de Gué-de-Constantine, nous expliquera que «depuis quelques mois, la production est à l'arrêt en raison de l'augmentation des tarifs imposés par nos traders par lesquels transite l'acier que l'entreprise commande de Silésie en Pologne». «Mais quand on sait que l'entreprise est engagée par un contrat dûment signé pour approvisionner notre client Naftal par un nombre fixe de bouteilles à gaz, on est obligé de payer le prix fort, quitte à continuer à travailler à perte. L'entreprise est vraiment dans l'impasse.» La société des bois et dérivés, dont le siège social est à Alger, se trouve, elle aussi, dans une situation des plus embarrassantes. «Nous importons les produits et les intrants de Finlande et depuis l'envolée de l'euro sur les marchés mondiaux, il nous est vraiment très difficile de payer rubis sur l'ongle nos fournisseurs qui sont, eux aussi, concernés de près par les multiples fluctuations. A ce rythme et si l'Etat n'intervient pas, nous risquons carrément de fermer boutique car nous travaillons vraiment à perte et je pense que beaucoup d'entreprises sont pratiquement dans la même situation», déplore un haut responsable de l'entreprise.