l'effort des pouvoirs publics en vue de renforcer et de diversifier la base économique algérienne se concentrera durant les années à venir, sur la promotion des investissements, notamment dans le secteur de l'agriculture et de l'industrie. C'est du moins ce que relève le rapport de conjoncture de l'année 2009 établi par le Conseil national économique et social (Cnes). Ainsi et pour ce qui concerne la promotion du développement et la productivité dans le secteur industriel, le Cnes affirme que l'Etat s'est fixé comme objectif de promouvoir de nouveaux investissements et de mettre à niveau l'outil de production existant. S'agissant de la nouvelle stratégie de valorisation de l'énergie et des hydrocarbures, le Cnes indique que deux objectifs ont été tracés pour les cinq prochaines années, à savoir, l'accroissement de la recherche et de l'exploration des hydrocarbures, particulièrement dans le domaine gazier, ainsi que la valorisation des hydrocarbures dans les créneaux du raffinage, de la pétrochimie et des engrais. En ce qui concerne l'Agriculture, les mesures annoncées portent sur la mise en œuvre de la loi d'orientation agricole dans ses dispositions relatives au régime de la concession des terres agricoles. Au plan de l'aide financière publique, ces mesures portent sur le rachat de la dette des agriculteurs et des éleveurs qui a mobilisé près de 41 milliards de DA, mais aussi sur un nouveau programme d'aide publique de 1.000 milliards de DA annoncé pour le prochain quinquennat, est-il indiqué. Climat des affaires : un net recul Abordant les nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2009, le Cnes estime que celles-ci "reflètent une certaine perspicacité, justifiée, des pouvoirs publics devant un phénomène, déjà vécu, celui du gonflement de la facture d'importation et la perte de parts de marché de notre production nationale". L'instance consultative relève, en outre, que la loi de finance complémentaires (LFC) 2009 dispose d'avantages avérés en faveur de l'investissement productif et de la recherche et développement. Cependant, le Cnes juge "important" de fournir d'autres prismes de lecture de la LFC 2009 que ceux attachés aux régulations conjoncturelles au regard des implications en matière d'ajustement des instruments de politique économique qui "ne sont pas forcément reliés à la crise financière internationale et dont l'objectif est de rationaliser, d'encourager ou de moraliser les activités économiques", a-t-il ajouté. En dépit des efforts soutenus et continus des pouvoirs publics pour insérer l'Algérie dans l'économie mondiale et améliorer son attractivité pour les investissements directs étrangers (IDE), le Cnes fait remarquer que l'Algérie "continue de reculer" en termes de classement, en ce qui concerne le climat des affaires. Il estime, dans ce contexte, que la part de l'investissement direct étranger (IDE) dans l'ensemble des investissements réalisés en Algérie durant la période allant de janvier à fin juin 2009 reste "très marginale", signalant que la part des investissements financés par le budget d'équipement de l'Etat au terme du semestre précité est de l'ordre de 909,2 milliards de DA (78%) sur le total des investissements réalisés dont le montant est de 1 163,6 milliards de DA. En ce qui concerne l'investissement étranger réalisé au titre de l'ANDI, ce dernier, s'élève à 12,6 milliards de DA, alors que le privé national a réalisé un montant de 173,7 milliards de DA du total investi. Abordant un volet plus positif, le Cnes estime que "malgré une forte chute des prix des hydrocarbures, le financement public en 2009 demeure soutenu grâce à une forte accumulation des réserves financières durant les années précédentes représentant 40% du Produit intérieur brut en 2009". A cet effet, note le document, l'évolution des dépenses budgétaires au cours du premier semestre 2009, qui représentent plus de 2160 milliards DA, en hausse de 9,7% par rapport à la même période de 2008, "atteste de l'effort maintien du rythme accéléré dans l'achèvement des programmes d'investissement de base". Ainsi, le budget d'équipement pour 2009, qui enregistre une hausse de 11,7% par rapport à 2008, marque la phase de clôture du coût global des projets inscrits dans le programme complémentaire de soutien à la croissance et dans les programmes Sud et Hauts Plateaux pour la période 2005-2009, à 13.610 milliards DA. De même, les fortes capacités de financement interne ont permis de mettre la sphère financière ainsi que l'économie réelle à l'abri des contraintes de liquidité qui caractérisent l'économie mondiale et un bon nombre de pays en difficulté de financement en raison de la crise internationale, a fait valoir le rapport. Ces capacités de financement ont été mobilisées à la faveur de "l'effort du Trésor dans le financement des investissements publics et la contribution des banques publiques dans ces financements, d'autant plus que leurs bilans connaissent un processus d'assainissement continu suivi d'une consolidation de leurs fonds propres qui ont permis de multiplier par deux le capital des banques entre 2007 et 2009". En parallèle, les disponibilités du Fonds de régulation des recettes (4280 milliards DA fin juin 2009), représentant plus de deux années d'importations, ont permis de maintenir le déficit global du Trésor dans des niveaux soutenables. D'autre part, le recul de plus de 35% de la fiscalité pétrolière, généré par la chute des prix mondiaux de pétrole, a pu être partiellement compensé par la fiscalité ordinaire qui a connu une évolution de plus de 20% sur les 11 premiers mois de 2009. Le Cnes a, cependant, prédit des signaux moins favorables qui marquent l'économie algérienne en 2009, particulièrement en ce qui concerne les indicateurs de la balance des paiements qui " devrait supporter le poids des baisses au niveau du solde commercial et courant ". Citant des chiffres officiels ainsi que des prévisions du Fonds monétaire international (FMI), le Cnes prévoit , à cet effet, un déficit courant de 2,08 milliards de dollars au premier semestre 2009 et un déficit annuel de 3% du PIB. Le Cnes a, par ailleurs, prévenu que l'augmentation attendue des charges récurrentes de fonctionnement de l'Etat, qui s'ajoute à l'absence d'une forte diversification des ressources budgétaires, constitue "un autre facteur de vulnérabilité des équilibres interne". Pacte économique et social : un bilan mitigé Du côté des questions de développement humain et social, ces dernières ont continué de figurer parmi les priorités du plan d'action du gouvernement. Le rapport du Cnes relève que les objectifs fixés dans le cadre du plan quinquennal 2009-2014 "se regroupent autour d'une plus grande cohésion sociale", à travers la consolidation de la paix sociale, l'amélioration des conditions de vie de la population, le développement des infrastructures de formation et de recherche scientifique, l'encouragement de l'emploi des jeunes et l'investissement économique. Il est expliqué que depuis 2006, avec l'adoption du Pacte national économique et social, la politique salariale a été caractérisée par de "nombreuses augmentations" en direction particulièrement des travailleurs de la fonction publique et des travailleurs du secteur économique. Le rapport aborde, dans ce contexte, le "consensus" de la dernière tripartite sur l'augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG) de 12000 DA à 15000 DA à partir de janvier 2010. Le Cnes souligne qu'entre 2000 et 2008 le SNMG a été revalorisé trois fois, "ce qui en moyenne annuelle s'est traduit par un accroissement de 9,8%, pendant que l'inflation a augmenté à un rythme moyen annuel de 3,02%". Le conseil indique aussi que le rythme d'évolution moyen annuel au cours de la période 2000-2009 "est supérieur à celui de l'inflation". Il explique que le SNMG "s'est accru de 7,8% en moyenne annuelle", alors que dans la même période, l'inflation a augmenté de 4,4% en moyenne annuelle. Selon le CNES, le pouvoir d'achat "s'est amélioré au cours de la période 2000-2008" mais "sans contrepartie équivalente en gain de productivité". Les revalorisations du SNMG s'effectuent d'une manière "cyclique et sans rapport direct avec la productivité du travail et l'inflation", estime le Cnes qui note que cette réalité relance la question des revenues salariaux et des critères qui contribuent à leur détermination et à leur augmentation. Il est rappelé à ce sujet que le projet de loi de finances 2010 prévoit 230 milliards DA pour les incidences de la révision du SNMG et de la mise en œuvre du nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires. Néanmoins, la nouvelle grille des salaires de la fonction publique, adoptée en 2007, "a continué de soulever des revendications auprès des syndicats autonomes au cours de l'année 2009" et que les négociations se poursuivent au niveau sectoriel. Aussi, dans le secteur économique l'application des accords conclus à travers les conventions de branche "se heurte aux difficultés financières des entreprises tant publiques que privées", note le document. En 2009, la question de la relation emploi-salaire et productivité et de son expression dans le pacte économique et social "reste encore posée". Par ailleurs, le Cnes a abordé les volets emploi et chômage, soulignant que la tendance à la baisse du chômage "s'est poursuivie en 2009 avec un taux qui devrait se situer entre 10,9 et 11%, contre 11,3% en 2008". Le Cnes explique cette baisse essentiellement par "les performances des activités hors hydrocarbures, dont le taux de croissance pourrait atteindre 11%" mais aussi par la poursuite des programmes de soutien à l'emploi initiés par l'Etat depuis 2009. Se référant au bilan du gouvernement du premier semestre 2009, le Cnes indique que le nombre d'emploi créés s'élève à "plus de 758 000 emplois, dont près de la moitié, soit 377 431 relevant des travaux d'utilité publique à haute intensité de main d'ouvre (TUPHIMO) et à des travaux d'intérêt général, dispositif gérés par la solidarité nationale à destination des personnes actives sans revenu ". On relève, dans ce contexte, que la création d'emplois durant le semestre sus-indiqué "reste dominée par les emplois d'attente" et qu'une "certaine amélioration" a été constatée dans la participation des entreprises publiques, "fait à lier à la reprise de la production hors hydrocarbures dans le secteur public (5,1%)". La question de l'emploi "reste une question cruciale" au cours du premier semestre 2009 et imprègnera la demande sociale sur le "long terme" au regard de l'effet de cohorte de la population en âge de travailler, considère le conseil. Le rapport indique, cependant, que les appréciations du pacte "restent aujourd'hui mitigées" et que ses mesures, notamment celles relatives aux augmentations des salaires, ont "suscité des controverses". Il est expliqué que ces augmentations sont considérées par de "nombreux analystes nationaux et internationaux" comme une "redistribution de la rente pétrolière bien plus qu'une amélioration significative de la productivité". Le rapport rappelle, à ce propos, que l'un des objectifs du pacte est d'"améliorer le pouvoir d'achat qui demeure intimement lié à la production de richesse". 2008 : des indicateurs au vert L'instance consultative qui a également présenté le rapport de conjoncture 2008, a estimé qu'en dépit d'un contexte économique mondial stressé par l'une des plus fortes dépressions après celle de 1929, ''la situation économique et sociale de l'Algérie est restée globalement stable, et s'est même renforcée'' en 2008. Faisant le bilan des grandes tendances économiques et sociales de la Nation, le Cnes relève notamment que ''la stabilité renforcée de la position extérieure, le niveau important des réserves de change, qui atteignent plus de 143 milliards de dollars'', entre autres indicateurs macroéconomiques, ''ont permis à l'économie algérienne de faire face aux défis de la crise financière internationale (...)''. Selon le Cnes, la consolidation des grands indicateurs macroéconomiques de l'Algérie pour l'année 2008 a été boostée notamment par de bons chiffres de la dette extérieure, en amélioration constante depuis 2005. Sur le front social, la situation sociale en 2008 a été marquée par une "plus grande" présence de l'Etat régulateur en faveur de l'amélioration des conditions de vie de la population, constate le rapport sur l'état économique et social de la nation de l'année 2008 élaboré par le Cnes. Le document, présenté jeudi lors d'une réunion du Cnes tenue à Alger en présence de membres du gouvernement et des responsables des institutions de l'Etat, souligne qu'en 2008 l'Etat a été "plus présent" dans le sens de "l'amélioration des conditions de vie de la population et de l'atténuation des retombées de la crise alimentaire mondiale sur son pouvoir d'achat". Selon le rapport, la situation sociale en 2008 a été "marquée par les questions structurelles liées aux revenus, à leur mode de détermination, à leur pouvoir d'achat et à leur rapport avec la productivité". Le Cnes a noté, à cet égard, une "faible productivité du travail", une augmentation des prix des produits de large consommation et du chômage, qui a continué à "focaliser" les préoccupations de la société et des autorités. Il a également relevé l'augmentation des dépenses publiques en faveur du soutien direct et indirect, avec des transferts sociaux de l'Etat dont "le poids est de plus en plus important dans l'amélioration du niveau de vie des ménages". Isma B.