Le président du Conseil national économique et social (Cnes), M. Mohamed Seghir Babès a présidé, hier, la cérémonie de présentation du rapport d'évaluation du développement humain en Algérie en 2007. Il faut savoir que c'est le 7e rapport du genre que le Cnes établit et le second rapport établi selon les standards internationaux. Se basant sur les statistiques de l'ONS, le Cnes dresse un tableau de l'évolution du contexte socioéconomique en Algérie. D'emblée, le rapport fait ressortir les inégalités de développement entre territoires. Ainsi, ces disparités ont compromis l'accès équitable des citoyens au développement. En outre, le rapport indique que les études entreprises en matière d'aménagement du territoire ont montré que les disparités les plus importantes se déclinent généralement selon les fonctions administratives des agglomération, faisant ainsi de la stratification adoptée par l'armature urbaine, qui classe les agglomérations de l'urbain supérieures aux zones éparpillées. Le second niveau de disparité, mis en évidence par les différentes enquêtes, qui ont porté, notamment, sur l'examen de la transition démographique et épidémiologique, apparaît quant à lui de façon manifeste du Nord au Sud et à l'extrême sud du pays. Selon le même rapport, la définition des entités régionales en vigueur privilégie traditionnellement un découpage territorial d'Est en Ouest ; ce découpage définit des ensembles inégaux en termes de superficie, de population. Le rapport du Cnes montre aussi que l'espérance de vie à la naissance aux niveaux des six régions du pays (strates), semble plus élevée dans la wilaya d'Alger et dans les wilayas fortement urbanisées du Nord, l'espérance de vie ayant progressé de 2002 à 2006. Dans les autres strates du pays, même si le progrès observés durant cette période est net dans les hautes plaines, le Sud et l'extrême Sud, l'espérance de vie se situe autour de la moyenne nationale. Le rapport souligne également que l'espérance de vie est toujours plus élevée pour le sexe féminin que pour le sexe masculin, avec un écart, accentué à Alger que dans le reste des territoires. Il en est de même pour ce qui est de l'éducation, indicateur pour lequel les grandes agglomérations détiennent un niveau supérieur à la moyenne nationale. L'accès à l'eau a également été pris en compte par l'examen du Cnes. Il en ressort, ainsi, que le pourcentage des populations privées d'accès aux points d'eau est plus élevé en milieu rural qu'en milieu urbain et plus élevé en général dans les régions du sud et de l'ouest du pays. Seul le secteur de la santé contraste avec cet état des lieux. Le rapport fait ressortir, en effet, une amélioration homogène dans l'état de santé des populations.Par ailleurs, le rapport en question s'est penché sur l'évolution des conditions socioéconomiques globales des ménages algériens. Il en ressort, en ce qui concerne l'emploi, une évolution significative de la population active qui a augmenté à un taux annuel de 3,5 % entre 1990 et 2006. Celle-ci ayant atteint 10,11 millions de personnes. En parallèle, la population occupée a crû à un taux de 3,9 %, atteignant le nombre de 8,9 millions de personnes. Les indicateurs du chômage sont aussi au vert, puisque le taux de chômage a baissé de 29,5 % en 2000, à 12,3 % en 2006. Le sursaut économique national s'est aussi répercuté sur le revenu national et le revenu des ménages. C'est ainsi que le revenu national nominal a connu un taux d'accroissement de 18,6 %, passant de 496,1 milliards de dinars en 1990 à 7642,4 milliards de dinars en 2006. Pour ce qui est des ménages, les revenus ont connu une évolution annuelle de 15,5 %, passant de 425,3 milliards de dinars en 1990 à 4249,1 milliards en 2006. Il faut savoir que la part des salariés dans le revenu des ménages a nettement baissé, passant de 42,3 % en 1990 à 35,2 % en 2006, ce qui peut être interprété comme une dévalorisation du travail salarié. Autre bémol, l'inflation qui ronge le pouvoir d'achat des ménages. Dans la rubrique prix et consommation, le rapport du Cnes fait ressortir le fait que la décélération des prix observée à partir de 2002 a amorcé une inflexion en 2006 avec une inflation à 2,6 %. Le rapport en question fait ressortir le fait que ce sont les produits alimentaires qui ont poussé l'inflation vers le haut, avec une inflation à 4,3 % et 6 % rien que pour les produits agricoles. L'inflation a également touché le logement avec un indice de hausse des prix immobiliers de 3,21 %.Résultat : la consommation finale des ménages a atteint, en 2006, plus de 2 689 milliards de dinars soit une hausse de 5,5 % par rapport à 2005. Il faut savoir aussi que plusieurs facteurs ont dopé la consommation des ménages, comme les programme de soutien à la croissance, les dispositifs d'aide à l'emploi, la hausse du PIB par habitant ainsi que les crédits à la consommation et la diversification des loisirs.Néanmoins, cette évolution des habitudes de consommation est disparate entre le milieu urbain et le milieu rural. Et pour preuve, le rapport du Cnes révèle que 65 % des dépenses de consommation sont réalisées par les ménages urbains.En conclusion, même si les indices de développement humain montrent une évolution certaine de la situation socio-économique des Algériens, il n'en demeure pas moins que le risque inflationniste, la dévalorisation du travail salarié et les déséquilibres interrégionaux peuvent porter un coup aux efforts consentis depuis quelques années.