Portrait n Djaâffar Gacem, réalisateur de Mawi'd maâ el kader, est un nom qui, depuis quelques années, s'impose dans le paysage audiovisuel. Il y a quelques années, il s'est fait connaître – une révélation qui lui a valu une grande notoriété – auprès du grand public grâce à Nass Mlah City, une série de courts-métrages comiques qui fait désormais partie des annales de la télévision algérienne. Cette année, il est revenu avec un feuilleton que les téléspectateurs algériens ont pu suivre, pendant le ramadan et, du coup, apprécier. Ce succès est dû notamment à la manière dont le feuilleton a été réalisé : une nouvelle façon de créer, de composer l'image, une technique de réalisation similaire à celle utilisée au cinéma. D'une série de courts-métrages à un feuilleton, le pas est franchi. Interrogé sur son passage d'une expérience à l'autre, d'un répertoire à l'autre, passage qui, du comique au drame, a nécessité une nouvelle façon d'appréhender l'image, Djaâffar Gacem dit que pour un réalisateur, «il n'y a pas un problème de passage, il doit s'adapter au scénario, et en ce qui me concerne, je ne peux réaliser un film sans m'adapter au scénario.»Et d'expliquer aussitôt : «Il y a cependant une histoire facile et une autre difficile. Le feuilleton présente une histoire bien imaginée et imaginaire, une histoire universelle ; c'est une histoire qui a été écrite à partir de rien, et quand on imagine des scènes, il s'avère difficile d'imaginer la suite.» S'exprimant ensuite sur le déroulement de la réalisation, Djaâffar Gacem souligne qu'«il n'y a pas un moment facile», relevant en outre : «Je ne veux pas appliquer le scénario à la lettre.» Cela revient à dire qu'un scénario s'adapte à l'acteur. «Le metteur en scène doit s'approcher de l'acteur», soutient-il. Djaâffar Gacem tient à devenir un réalisateur-metteur en scène : «Je veux être à la fois réalisateur et metteur en scène. J'aspire à m'inscrire dans cette direction, car j'aime bien la mise en scène, j'aime bien diriger les acteurs.» Et d'ajouter : «La réussite d'un film tient, en partie, de la bonne composition d'acteurs et de la façon dont ils sont orientés.» Quant à l'autre partie, elle tient de l'écriture. S'expliquant à ce sujet, Djaâffar Gacem reconnaît l'absence de bons scénarios et l'existence d'une crise au niveau de l'écriture et de l'imaginaire. «Il faut reconnaître néanmoins qu'un effort est en train de se faire dans ce sens, qu'il y a une concurrence, même si elle est petite, sachant qu'avant 2000, il n'y avait rien. Pour arriver à la qualité, il faut travailler dans la quantité. Ce qu'il faut savoir, c'est que le public suit, et à mesure qu'il suit, il devient exigeant, et l'exigence, avec le temps, implique la qualité, donc la création.» Pour ce faire, Djaâffar Gacem appelle les producteurs indépendants à s'investir davantage dans l'audiovisuel. «Les producteurs doivent suivre les cinéastes, parce que la télévision, seule, ne peut couvrir toute la production audiovisuelle. Même l'aide du ministère de la Culture ne peut suffire»,conclut-il.