Les mets acides qu'on ne peut avaler annoncent pour le rêveur une maladie qui l'empêchera de manger. Si le plat acide est offert par une tierce personne, il entendra des propos désagréables. Si c'est lui qui offre le plat, c'est lui qui prononcera ces propos. Mais s'il se montre patient (en prenant le plat et loue Dieu, il sera délivré du mal). Notre plat national, le couscous, apparaît souvent dans les rêves. Quand il est bien cuit, roulé dans de la semoule de blé, bien blanc, huilé ou beurré, il représente, pour celui qui le mange, la fortune, le bonheur et la quiétude. Le couscous d'orge ou de farine de glands sont moins favorisés parce qu'ils correspondent à des plats consommés par les pauvres ou alors — comme c'est le cas pour le gland ou le son — des plats de période de disette. Les Arabes ont dû remarquer, dès leur arrivée au Maghreb, le couscous, mais les auteurs ne le signalent que tardivement. Au VIIIe siècle de l'hégire (XVe), un écrivain originaire de Tlemcen, al-Maqqari, rapporte une curieuse anecdote que lui a racontée un Syrien. «Un Maghrébin, raconte le Syrien, descendit chez moi et tomba malade. Voyant que sa maladie traînait en longueur, je priai Dieu de le faire mourir ou de lui accorder la santé pour mettre un terme à mes ennuis. C'est alors que j'ai vu en rêve le Prophète qui me dit : «Fais-lui manger du kouskousoun», en prononçant avec un noun. Je lui ai fait préparer du couscous qui lui rendit aussitôt la santé ! «C'est en souvenir de ce récit que le couscous symbolise également, dans les rêves, la santé et la longévité.