Ce soir-là, chez le fameux écrivain écossais Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, un petit groupe d'amis sont rassemblés, attentifs à une nouvelle expérience de leur célèbre ami. Celui-ci explique : — Voici le «oui-ja». Comme vous pouvez le constater, il est constitué de deux éléments. Tout d'abord, cette petite planchette. Vous pouvez voir que les lettres de l'alphabet y sont inscrites sur deux arcs de cercle, l'un au-dessus de l'autre. Vous pouvez voir que les chiffres de 0 à 9 y figurent aussi. Et enfin trois mots, «Oui», «Non» et «Au revoir». Maintenant, le second élément du «oui-ja» est ce petit index mobile, muni d'une petite roulette. — Et comment cela fonctionne-t-il ? — Les participants doivent tout d'abord se mettre dans un état de réceptivité maximale, être bien détendus, prêts à recevoir les impulsions qui leur seront données par les esprits. Ensuite le ou les participants posent légèrement un doigt, l'index de préférence, de manière à frôler la plaquette mobile. Et il ne reste plus qu'à attendre. Quand l'entité présente sera prête à se manifester elle fera glisser l'index de bois vers une lettre, un mot, un chiffre. Il suffira de noter ces lettres à la suite les unes des autres pour obtenir le message... Tout le monde n'est pas convaincu, mais Conan Doyle, «Sir» Conan Doyle, a déjà fait la preuve de son intuition et de son génie dans d'autres domaines ; pourquoi pas dans celui-ci ? Effectivement, le silence s'était fait ; les lumières étant discrètement tamisées, le maître de maison pose délicatement son index sur... l'index du «oui-ja» et le petit mobile à roulette, après une légère hésitation, se met à vibrer. Il cherche, semble-t-il, la lettre qu'il va désigner. Comme un chien qui hume l'air et, soudain, il fait un petit saut en avant, droit vers la lettre «J»... Après la séance de «oui-ja», presque tous les participants sont assez émus. Quelqu'un dit : — Je n'aimerais pas participer à ce genre de séance trop souvent. Je claque des dents. Pourtant j'ai vu des choses étranges quand je séjournais aux Indes... Sir Arthur Conan Doyle prononce une phrase définitive : — Le oui-ja est un téléphone magique en ligne directe avec l'au-delà... Un silence plein de frissons accueille ces mots. Sir Arthur explique, un verre de whisky à la main : — J'ai commencé à m'intéresser aux choses d'après la mort quand un livre m'est tombé entre les mains. Il s'agit d'un ouvrage intitulé Les Réminiscences du juge Edmunds. L'auteur n'était pas n'importe qui puisqu'il occupait des fonctions au Conseil d'Etat des Etats-Unis. Ce monsieur, devenu veuf, a eu la consolation de rester en relation avec sa défunte épouse. Et ce, pendant des années. Dans son ouvrage, il donne toute une série de détails très impressionnants sur les contacts qu'il a eus avec la chère disparue... — Mais vous-même, Sir Arthur, avez-vous eu des preuves de cette possibilité ? — Absolument, j'ai tenté des expériences et deux personnes très chères ont répondu à mes appels. Tout d'abord, ma chère maman, et ensuite un de mes neveux pour lequel j'avais une affection très particulière. Ils se sont manifestés plusieurs fois et leurs messages étaient si précis qu'il n'y a aucun doute : ce sont bien eux qui m'ont contacté après leur mort. D'ailleurs, je les ai vus, de mes yeux vus, bien après leur mort ! — Mais alors, vous en concluez qu'après la mort, il y a autre chose que le trou béant du néant absolu ? — J'en suis convaincu ! — Pourtant, Bernard Shaw... — Ah ! ne me parlez pas de cet individu. (à suivre...)