Manifestation n L'accès est ouvert au public chaque jour, entre 10h et 19h, contre le paiement de 30 DA le ticket par personne. Ils étaient là dès 10 heures. Les uns portaient un cabas, les autres un filet ou simplement un sachet, selon le nombre de livres que les uns et les autres se promettaient d'acheter. Leur point commun : ils sont les premiers à faire la queue devant la porte d'entrée du pavillon central du Palais des expositions aux Pins-Maritimes, sous un ciel menaçant. Première grosse surprise : l'accès est payant : 30 DA par personne. Le premier sentiment de surprise et de dépit passé, on se bouscule aux guichets ; on commande parfois jusqu'à sept tickets. En début d'après-midi, on ne pouvait demander plus de deux tickets . Rupture de stocks des tickets, semble-t-il. Une fois les tickets en poche, il faut passer à la seconde étape : franchir les points de contrôle. A la foire, toutes les portes d'entrée sont autant de postes d'examen. Les agents de sécurité, nombreux, font passer les visiteurs au détecteur de métaux, ils inspectent les sacs et procèdent parfois à des fouilles corporelles. Jeunes, étudiants, femmes… personne n'échappe à la vigilance des vigiles. Au niveau des pavillons, le contrôle est plus spécifié : des hommes pour les hommes et des femmes pour les femmes. La consigne est claire, on ne badine pas avec la sécurité. Les férus du livre qui se sont présentés jeudi à la première heure, ont eu cependant à découvrir, non pas un Salon international, mais tout juste une foire encore en chantier : des stands non encore installés, des emplacements non encore alimentés, partout des cartons de livres ou des cartons tout court, des espaces d'exposition entourés de bâches de couleur noire, décor hétérogène… Première rencontre, première déception. Rares étaient les exposants à répondre aux toutes premières demandes. Dans ce sens, il faut signaler que les éditeurs du livre religieux ont pris une longueur d'avance sur leurs collègues. A dix heures piles, leurs stands étaient bien garnis, plus ou moins organisés, au moment où les éditions Dalimen, par exemple, «offraient» un bouquet de fleurs en plastique dans leur magnifique coin vide. Au point d'exposition de l'Enag, on en est encore à afficher les prix, à 11h quand le centre des études de l'Union arabe expose des livres avec des prix affichés en dollar américain. «Prenez le montant en dollar et multipliez-le par cinquante et vous aurez le prix en dinars. Normalement, la multiplication doit se faire par soixante-douze. La maison fait des remises», explique le vendeur. La plupart des livres qu'il propose traitent du monde arabe et sont traduits de l'anglais à l'arabe. Chez Casbah éditions, les intéressés font remarquer que les tarifs sont les mêmes que ceux appliqués partout en librairie. Ils n'ont pas tort. Sauf qu'une remise de 10%, appliquée uniquement sur l'achat d'un lot de livres, est signifiée une fois l'acheteur arrivé au niveau de la caisse. «Revenez tout à heure», «revenez dans l'après-midi», sont les quelques réponses qu'on vous lance chez de nombreux participants au Salon pour vous signifier qu'ils ne sont pas encore prêts à vous servir. Pourtant, une note des organisateurs est déposée sur la table de chaque exposant. Elle dit que l'approvisionnement des stands se fait entre 20h et 23h. Peine perdue ! «Les espaces d'exposition sont censés être alimentés trois jours avant l'ouverture officielle», dit un exposant. «La visite du Président mercredi et les mesures de sécurité mises en place ont rendu impossible tout acheminement de marchandises vers le salon», explique un autre participant. Tous ces dysfonctionnements ont favorisé une certaine désorganisation. Il reste que le salon mérite le détour. A 13h, la circulation entre les stands est devenue très difficile. La foire a enregistré, en ce premier jour, une bonne affluence surtout au niveau du pavillon central : certains visiteurs sont chez les nombreux éditeurs du livre religieux ; les étudiants chez l'OPU ; les femmes et leurs enfants sont là où il y a des manuels scolaires et parascolaires. «Venez au 12e Salon international du livre d'Alger», disent les initiateurs de l'événement. Nous ne pouvons que nous joindre à cet appel. Liban, hôte d'honneur l La présente édition du 12e Sila est marquée par la participation de près de 560 éditeurs représentant 27 pays, auxquels s'ajoute la participation de trois organisations des Nations unies. S'agissant de la participation algérienne, elle est estimée à 164 éditeurs. La superficie aménagée à cet effet est de l'ordre de 14 500 m2, soit presque le double de la surface retenue lors du 11e Sila (9 500 m2), et dont 15% seront réservés à l'espace jeunesse. Quant au nombre de titres exposés, il est évalué à 82 000, avec 50 exemplaires par titre. Il convient de souligner, en outre, que le Liban est l'invité d'honneur dans ce 12e Sila parce que, d'une part, c'est un pays du livre – et on lui doit les premiers développements de l'imprimerie dans le monde arabe –, et, d'autre part, il se révèle comme le phare de l'édition dans le monde arabe. S'agissant des activités retenues à cet effet, le comité d'organisation a pris des dispositions en vue de doubler les espaces d'animation. Le nombre est passé cette année à sept espaces. Le salon rendra en outre un hommage à l'écrivain Jules Roy, au philosophe Jacques Berque, au sociologue Mostefa Lacheraf, à l'historien Mahfoudh Kaddache, aux nationalistes Bachir Hadj Ali, Mouloud Kacem Naït Belkacem, Ferhat Abbas, ainsi qu'à d'autres intellectuels comme Cheikh Brahim Bayoud ou encore Cheikh Moubarek el-Mili.