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Scènes d'émeute au 5-Juillet !
Publié dans Le Buteur le 04 - 03 - 2010


5000 DA ! Qui veut vendre ?
Yacine vient de Béjaïa. La silhouette chétive, il paraissait haleté. Il est 11h. Il cherche vainement un taxi pour le conduire au 5-juillet. A cette heure-ci, même le plus cupide des «taxieurs» n'aurait pas accepté cette course, comme on dit chez nous, pour quelques sous de plus. Un autre jour, il aurait été le bienvenu, mais là, en ce mercredi, le rond-point du 5-Juillet grouillait déjà de monde. Toutes les artères menant au complexe olympique, d'habitude fluides à cette heure-ci de la journée, étaient déconseillées à ceux qui avaient d'autres chats à fouetter. Non, mais c'est vrai qu'il y a de quoi faire sortir de ses gonds même les plus étourdis en cette matinée au temps mitigé, tantôt pluvieux, tantôt ensoleillé, telles que les giboulées de mars, mois de grâce allant de sa farce, l'aura souhaité ! La cité était en effervescence. Elle vibrait au rythme de ce brouhaha ornementé par le vert, couleur fétiche des Verts et cap sur le 5-Juillet droit devant ! Il était 11h et le stade n'ouvrira ses portes que dans au moins une heure et demie. Mais ceci n'empêche point cette passion effrénée, un peu démesurée, de boursoufler à l'approche de la cité olympique. Ils sont venus de partout. De Aïn Témouchent, Chlef, d'Oran, de Béjaïa, Bordj Bou Arréridj. Bref, des quatre coins du pays. Y en a ceux qui ont passé la nuit à rouler pour arriver les premiers ce matin. Des parkings habituellement réservés aux habitants des cités voisines ont été pris d'assaut. En bas, les commerçants les plus réticents ont baissé rideau, laissant les quelques gargotes et cafés encore ouverts à faire recette. Une matinée faste, incontestablement. Des sandwichs négligemment enfouis dans des sachets, et le tour est joué. Lorsqu'on n'est pas très regardant sur la qualité de ce qu'on se met sous la dent, y a pas de quoi ronchonner. A 11h30, les portes du stade étaient littéralement assiégées. Ça c'était l'ambiance d'avant. La joie qui a précédé le désarroi, quoi ! Car la situation n'allait pas tarder à basculer dans l'autre extrémité, tournant carrément à l'émeute. Amical, dites-vous !
12h30 : ouverture des portes
A midi déjà, un monde fou se trouvait collé aux portes. Juste à peine si l'on arrivait à respirer dans cette marée humaine qui a déferlé sur les lieux, ne laissant point de répit au service d'ordre resté sur le qui-vive depuis la matinée. Devant la situation, la direction de l'OPOW n'avait d'autre choix que d'ouvrir les portes qui allaient de toute façon être défoncées d'un moment à l'autre, sous la pression de plus en plus grandissante exercée par la foule. A cette heure-là, sept heures nous séparaient du coup d'envoi du match. Mais ceux qui étaient là n'en avaient rien à branler. La preuve, ils étaient là !
13h30 : ça passe ou ça casse !
Une heure plus tard, plus de place pour un chat de plus ! Les gradins étaient toutes, du moins celles ouvertes au public, archicombles. A 13h30, en effet, le stade était plein à ras bord. C'est certain, il vaut mieux les avoir tous dedans que dehors, car la tension était telle que ça allait inévitablement exploser. Car le nombre de demandeurs d'accès au stade était quatre fois supérieur à celui de détenteurs de tickets, ce qui fait que la bousculade aux portes du stade était prévisible.
Seul le guichet réservé aux familles…
A côté de cette cohue un peu voulue (si ! si !) le guichet réservé aux familles. Celui-ci situé à la toute extrémité du stade, à côté de l'hôtel du 5-juillet, un semblant d'organisation y régnait. Et encore, il s'en est trouvé des fauteurs de troubles prêts à tout pour accéder aux gradins, quitte à se faire passer pour de la famille d'on ne sait qui ! Les femmes étaient accostées à l'entrée, car perçues comme un laissez-passer encore valide, sachant que la direction du stade avait réservé des places aux couples voulant assister au match. Sur ce point, il reste encore du travail à faire.
Des familles renoncent à leur place
Devant cette situation, certaines femmes n'ont pas trouvé mieux que d'annuler leur déplacement. Il faut dire que le climat n'encourageait guère une sortie en famille. Ainsi cette rencontre amicale et conviviale, telle qu'on l'avait souhaité, ça ne l'était guère dans les tribunes en cette matinée de match très tendue.
Affrontements et plusieurs interpellations
Comble des paradoxes : ceux qui n'avaient pas de tickets avaient déjà pris place, tandis que ceux ayant droit à l'accès ont été refoulés. En effet, les milliers de supporters venus tôt le matin ont réussi à forcer le cordon de sécurité à se faire une place au «soleil», alors que ceux avec billet en main ont été priés de rentrer chez eux, car n'ayant plus de place où les mettre. La faute à qui ? A ceux qui ont décidé de vendre la totalité des billets à Alger, croyant que la capitale, c'était l'Algérie. Car ceux qui ont pris la décision de venir de loin ne comptaient pas rester sur le carreau. Ô que nenni ! Du coup, le service d'ordre a été contraint de charger devant l'inflexibilité de ces jeunes, décidés à entrer, quitte à sauter le mur. L'on a même tiré des bombes à gaz lacrymogène pour faire disperser la foule. L'on a même procédé à plusieurs interpellations parmi ceux qui ont tenté de forcer le cordon de sécurité.

5000 DA ! Qui veut vendre ?
Alors que ceux qui possédaient des tickets étaient restés coincés à l'extérieur, au marché noir, les prix des billets explosaient. Y en a ceux qui ont cassé leur tirelire dépensant 5000 DA pour un billet qui n'allait de toute façon pas leur garantir l'accès pour autant. Comme nous le disions ci-dessus, à 14h, les portes du stade étaient déjà fermées. Alors, à moins de faire jouer ses connaissances ou de se faire parachuter dans la tribune d'honneur, il n'y avait vraiment pas moyen de se frayer un chemin menant aux gradins.
A qui la faute ?
S'il est vrai que le service de sécurité a réussi plus tard à faire instaurer un semblant de calme, il n'en demeure pas moins que l'ambiance était très tendue durant les quatre heures ayant précédé le coup d'envoi du match. La passion dépasse la raison. On aura beau tenter de dépassionner les débats, nul ne peut reprocher à un supporter qui a fait en moyenne 500 km pour assister au match de vouloir accéder aux tribunes, quitte à avoir recours au système D. C'est comme ça. L'on dira ce qu'on dira, mais la faute incombe à ceux qui n'ont pas jugé utile de distribuer les 70 000 billets mis en vente par quotas dans les différentes wilayas du pays. Comme ça, on aurait pu peut-être contrôler la situation, quoi que des dépassements, il y en aura toujours. Ça, c'est dans la mentalité et tant pis pour ceux qui trouveront que c'est exagéré !


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