Constance n L'une des maisons d'édition arabes qui participent régulièrement – et ce, depuis quatre années consécutives – au Salon international du livre d'Alger, est bien El-Bouraq. Cette jeune maison d'édition libanaise, mais installée en France, s'emploie à promouvoir le livre religieux mais pas n'importe lequel. S'exprimant sur sa ligne éditoriale, le responsable a expliqué : «Mes publications traitent de la spiritualité de l'Islam. Je ne fais pas dans le religieux austère, mais je cherche à travers cela à donner une vision intellectuelle et philosophique [et même émancipatrice] de l'Islam.» Et d'ajouter aussitôt : «Comme nous sommes établis en France (Paris), il se trouve qu'il y a une forte demande de ce genre de livre. Le lectorat français s'intéresse à tout ce qui a trait à l'Islam [et notamment à sa dimension spirituelle].» Ainsi, El-Bouraq s'emploie à corriger l'image de l'Islam et à en donner une autre plus visible, plus juste et plus raisonnée, une vision fondée sur la connaissance et la science, une vision positiviste de l'Islam. S'exprimant ensuite sur sa participation au 12e Sila, notre interlocuteur a déclaré qu'il s'agit là d'un rendez-vous important : «C'est un événement important pour moi, car je fais la promotion de mes publications, d'une part, et j'établis des contacts avec des éditeurs algériens avec lesquels j'entretiens des relations de travail, d'autre part. Ce salon est une expérience qui me permet également de connaître le marché du livre algérien.» Interrogé sur la question du livre en Algérie, l'éditeur a, en tant qu'observateur, catégoriquement rejeté l'argument financier du problème qui est, selon lui, infondé. «J'ai constaté que tout le monde, ici, ramène la question du livre au problème du pouvoir d'achat», a-t-il dit. Et d'expliquer : «Or, le vrai problème, et en tant qu'éditeur ayant de l'expérience dans le domaine de l'édition, se situe au niveau de l'organisation. Le réseau de distribution n'est pas suffisamment – et de manière professionnelle – organisé.» Cela revient à dire que si les gens ne lisent pas, ce n'est pas parce que le livre coûte cher, mais parce qu'il n'y a pas suffisamment de librairies en mesure de répondre dans la diversité aux besoins du lectorat. S'agissant par ailleurs de la manière dont le salon est organisé, l'éditeur n'a pas hésité, à relever quelques défaillances techniques. «Il est vrai qu'il y a un problème d'organisation, mais il ne faut pas, et contrairement à ce qui est souvent rapporté par les uns et par les autres, résumer le problème à une seule personne. On ne peut pas personnifier un problème. On ne peut pas dire qu'untel ou untel en est responsable. L'organisation se présente comme un ensemble de maillons et lorsque l'un est rompu, c'est toute la chaîne qui est affectée.» Il est à rappeler que le Liban est l'hôte d'honneur de ce 12e Sila. Ce choix s'explique par le fait que c'est un pays du livre à qui le monde arabe doit les premiers développements de l'imprimerie, d'une part, et, d'autre part, il se révèle comme étant le phare de l'édition dans le monde arabe. «Le Liban a une longue tradition – et donc une grande expérience – dans le domaine de l'édition», a indiqué le responsable des éditions El-Bouraq. Et de souligner que «cette tradition remonte à la moitié du XIXe siècle.» Enfin, l'éditeur se félicite que le Liban jouisse de cette renommée. «De cette tradition, on a acquis effectivement une expérience, donc un savoir-faire certain, notamment dans le domaine du contenant», a-t-il dit.