Le ministère des Affaires religieuses enregistre un nouveau record. Non pas dans une quelconque compétition, mais plutôt dans l'opération de contrôle du contenu des livres et supports religieux. La commission de lecture mise sur pied par Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, pour veiller sur le contenu des livres et supports religieux destinés au Salon international du livre d'Alger – qui ouvre ses portes dès aujourd'hui – a abouti à l'interdiction de 1191 titres religieux et supports en Algérie. Le chiffre représente le double de celui réalisé l'année dernière, au même rendez-vous culturel. Ces livres et supports religieux ont été rejetés par la commission à cause de leur contenu subversif, explique Abdallah Tamine, chargé de la communication au ministère des Affaires religieuses. Outre l'apologie de la violence et du terrorisme, ces livres, de par leur contenu, encouragent le racisme et la xénophobie. Cela n'est pas tout. La commission a même découvert des supports religieux qui portent atteinte à l'hymne national, à la sécurité de l'Etat, à l'unité nationale et à l'intégrité territoriale de l'Algérie. Certains contenus, précise M. Tamine, touchent à la sainteté du Prophète. Parmi ces livres interdits, l'on peut citer Ibn Laden, Les vérités interdites, Les organisations terroristes les plus célèbres, La révolution wahhabite, Les armées islamiques et le mouvement réformiste, Les politiques qui ont combattu l'Islam, Encyclopédie de la sexualité… La liste est longue. Il y a parmi le lot interdit des cartes géographiques sur lesquelles on ne trouve pas la Palestine. Tous les livres interdits émanent de l'étranger. « Ils sont souvent l'œuvre d'auteurs juifs arabes ou de chrétiens aux desseins malsains », indique M. Tamine, pour lequel ce genre de livres vise à créer la confusion dans l'esprit des Algériens et à fragiliser la stabilité du pays. Aussi, il est constaté que certains des livres interdits cette année contenaient des fatwas contraires au rite malékite, une des quatre écoles d'exégèse islamique, dominant en Algérie et dans tout le Maghreb. De ce fait, l'accès à cette édition du salon a été refusé à 15 maisons d'édition arabes et islamiques. Le nombre de maisons d'édition arabes et musulmanes autorisées à y participer s'élève à 290. Il y a aussi 160 maisons d'édition algériennes qui sont au rendez-vous. Le ministère des Affaires religieuses compte poursuivre son travail de contrôle durant toute la durée du salon qui baissera rideau le 9 novembre. Le dispositif mis en place pour faire échouer au ministère les livres subversifs avant même qu'ils prennent place sur le marché algérien est composé de quatre sous-commissions : la première est chargée du Livre Saint, la seconde du livre religieux, la troisième des supports CD, la quatrième des supports K7. Toutes les maisons d'édition désirant mettre leurs produits sur le marché algérien ou seulement l'exposer au Salon du livre (organisé annuellement à Alger) doivent impérativement avoir l'autorisation du ministère, et ce, après avoir soumis une demande et un échantillon du produit qu'on souhaite faire entrer sur le territoire national. Ce n'est qu'une fois que le ministère donne son aval que la maison d'édition entame les formalités douanières. « Sans notre autorisation, aucun produit n'entrera dans le pays », affirme M. Tamine. Si le contrôle est assuré à longueur d'année, il reste que le ministère des Affaires religieuses met en place un dispositif spécial à même de neutraliser toutes les publications malveillantes et contraires aux préceptes de l'Islam et aux constantes nationales. Rendez-vous annuel, le Salon international du livre d'Alger, qui est à sa douzième édition, est considéré comme l'une des principales manifestations culturelles du pays. Le livre religieux islamique tient une place prépondérante. Cela demande des autorités religieuses et des organisateurs de ce genre de festivités une grande vigilance.