Résumé de la 2e partie n Michel n'a plus de force pour lutter contre la fièvre, il est persuadé qu'il est sur le point de rejoindre ses ancêtres lorsqu'il entend des bruits familiers... «Tiens, ça s'agite du côté du poulailler... Evidemment, les poules ne vont pas prendre mon deuil.» Un bruit claironnant lui troue les tympans : «Mais c'est Trompette qui se met en branle !» Trompette, c'est le coq du village. Grippe espagnole ou pas, Trompette ne manque pas à sa mission : réveiller les poules pour qu'elles pondent et réveiller le village pour que personne ne soit en retard dans la quête de nourriture. Michel entend à présent un nouveau bruit familier. «Tiens, la chaîne du puits. Ils sont déjà en train de tirer de l'eau. Ça fait longtemps que je me disais qu'il faudrait mettre un peu d'huile dans la poulie. Eh bien, c'est trop tard. C'est mon successeur qui devra graisser la poulie.» C'est maintenant le clairon qui réveille les gardes du poste qui se met à résonner. Ce matin, il n'a pas l'air très en forme. Il fait plusieurs couacs un peu bizarres. Michel, qui a l'oreille musicale, fait la grimace. En même temps, il comprend que le jour se lève : «Mais alors, j'ai tenu bon ! J'ai encore passé une nuit... Bon, les dieux de la brousse ne m'ont pas emporté. C'est le signe qu'ils me donnent une nouvelle chance. Maintenant, il faut que je m'accroche !» Il se sent déjà mieux et, cette fois, se rendort paisiblement. Il est réveillé par Ogeto qui entre dans la case en essayant de ne pas faire de bruit. Le boy s'approche de la moustiquaire de Michel et la soulève. Il écoute la respiration du «patron». Et se décide à parler : — Patron, il y a un problème. Michel, d'une voix encore faible, murmure : — Qu'est-ce qui se passe ? — Anselmo, le bwana italien... Il est devenu fou. — Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il fait ? — Au milieu de la nuit, je le vois qui entre dans le poulailler. Je croyais qu'il voulait voler des poules mais il a chassé les poules du poulailler dans l'enclos. — Tiens, c'est bizarre. Peut-être que lui aussi a attrapé la fièvre. — Et après, je le vois qui s'approche du puits et se met à tirer sur la chaîne. Il avait sans doute besoin d'eau fraîche. S'il se sent fiévreux. — Mais ce n'est pas tout, patron. Je le vois qui attrape le clairon qui est accroché devant le poste et qui se met à souffler dedans. Vous l'avez peut-être entendu patron. Anselmo, il est devenu fou... Je voulais l'empêcher de vous déranger comme ça, mais l'Italien, il m'a enfermé dans ma case. J'ai dû attendre et appeler le garde de la corvée d'eau pour qu'il vienne ouvrir ma porte... A ce moment-là l'Italien était parti. Il a quitté le village. Il est certainement loin à l'heure qu'il est... C'est alors que Michel Brillaud comprend. Il avait dit à Anselmo qu'il survivrait s'il parvient à l'aurore nouvelle. Anselmo, plus fort que les dieux de la brousse, lui a fait croire en pleine nuit que le jour se levait. Grâce à lui, il va survivre. Hélas, quelques semaines plus tard, alors qu'il est presque guéri, il apprend la triste nouvelle : Anselmo, le gentil Italien, vient de succomber à son tour à la grippe espagnole. Les dieux, rendus furieux de voir Michel Brillaud leur échapper, ont pris sa vie en échange.