Blocage n La plupart de ces enseignants n'ont pas encore «fait» leur rentrée, à cause du renouvellement de leur contrat qui tarde. Ils sont nombreux à pointer à «la grande salle» (le hall) des directions de l'éducation (académies) pour s'enquérir de leur sort qui n'est pas encore tranché par les responsables chargés du recrutement. Pour en savoir plus sur les «softwares» de cette catégorie d'enseignants qui connaissent un traitement différent de l'administration du département de l'éducation qui, parfois, est en contradiction avec la législation du travail, nous nous sommes rapprochés d'eux pour recueillir leurs doléances, mais surtout pour dévoiler certaines pratiques qui pourraient sérieusement hypothéquer l'avenir de nos enfants, car en privant leur instituteur de leurs droits, ils ne feront que «bâcler» les cours aux élèves et le résultat est connu d'avance : l'échec… En effet, les paramètres et les critères retenus pour la reconduction des enseignants recrutés, à titre de contractuels, ne répondent à aucune considération objective, d'après nos interlocuteurs. Dans ce registre, les propos que nous avons recueillis, lors de notre virée dans certaines académies du Centre illustrent une réalité amère d'une vie de misère, de nos enseignants que la tutelle considère comme les piliers de la réforme engagée dans le système éducatif. Parmi eux, il y a ceux qui ont passé dix années, voire plus à vivre cette situation aléatoire ! Hakim D., un enseignant d'histoire et de géographie, n'a pas caché son désespoir quant à cette éternelle «vocation». «ça fait dix années que je renouvelle mon contrat dans des conditions parfois pires que celles de cette année. J'ai exercé dans une dizaine d'établissements. Basta ! j'en ai marre de cette instabilité», se désole-t-il. Le renouvellement se fait, d'après notre interlocuteur, après avoir passé des semaines, voire des mois à pointer auprès du service de recrutement. «Là, nous sommes en train de vivre l'ère des CDD (contrat à durée déterminée) dans la Fonction publique sans qu'on le décrète officiellement. Sinon, comment expliquer le travail de contrat renouvelable pour des années ?», enchaîne un professeur de physique venu chercher son «affectation». Quant à l'administration, elle impute l'origine de ce problème au manque de postes budgétaires par rapport à la demande sans cesse croissante des jeunes diplômés qui cherchent à entamer une carrière d'enseignant. Les enseignants rejettent ce «prétexte» car chaque année la tutelle débloque des milliers de postes budgétaires dans les différentes filières de l'enseignement, tous cycles confondus. «Le ministère de l'Education a annoncé récemment que le secteur de l'éducation sera renforcé de pas moins de 12 000 postes budgétaires. Alors que se passe-t-il ?», s'interroge une enseignante de français. S'agissant du concours des PES et des PEF, certaines directions de l'éducation ne voient pas l'importance de son déroulement pour des raisons peu convaincantes. «Nous attendons les instructions du ministère. Pour l'instant, nous n'avons rien reçu», dira le directeur de l'éducation d'Alger-Est, Rachid Boulgroune. Dans d'autres académies, comme celle de Béjaïa, ce sont des communiqués affichés et écrits en caractères gras, sur lesquels on peut lire : «Par manque de postes budgétaires, l'administration porte à votre connaissance que le recrutement est reporté jusqu'à nouvel ordre.» Dans d'autres académies, le concours de recrutement concerne certaines filières seulement. Ce qui pousse les enseignants à s'interroger sur le sort des postes budgétaires annoncés çà et là par le ministère de l'Education nationale.