Manifestation n La situation de la traduction dans les pays du Maghreb et ses perspectives d'avenir ont été au centre des journées d'étude à l'université Mouloud-Mammeri à l'initiative de la faculté des lettres et sciences humaines. Au programme de cette manifestation animée par des professeurs algériens et issus de pays voisins, figure une vingtaine de communications portant sur 3 axes principaux relatifs à la formation des traducteurs, à l'analyse et l'évaluation des programmes et aux méthodes d'enseignement adoptées dans les instituts et départements de traduction dans les pays du Maghreb. Il est également question d'aborder d'autres thèmes liés particulièrement à l'état des lieux de la traduction dans ces mêmes pays depuis leur indépendance à ce jour, notamment par l'évaluation de ce qui a été traduit en termes de besoins et priorités et à une représentation des perspectives d'avenir de cet art et profession. Les intervenants ont mis en exergue l'intérêt, pour les pays du Maghreb, d'élaborer un programme de traduction commun, afin d'amorcer un redressement quantitatif et qualitatif du secteur de la traduction et de ses ressources humaines (formateurs et étudiants). Un conférencier a abordé, dans ce sens, les efforts de traduction «conjoncturels» enregistrés dans les pays maghrébins, depuis l'indépendance, qui «n'ont pas réussi», selon lui, à sortir des domaines des lettres et des sciences humaines. Parallèlement, il a relevé l'intérêt de l'introduction du module de l'anthropologie dans l'enseignement de la traduction, à l'image des grandes écoles de traduction à travers le monde afin d'inculquer, dira-t-il, aux étudiants «un ensemble de valeurs culturelles et sociales sur lesquelles il pourra s'appuyer, notamment dans la compréhension du texte original, ainsi que la personnalité de son auteur et de sa culture». D'autres intervenants ont, pour leur part, axé leurs communications sur l'importance de la maîtrise de la langue de l'auteur originel du produit intellectuel ou technologique à traduire «afin d'éviter le recours à une deuxième main qui l'exposerait à une grave altération de son identité (message et esthétique)», ont-ils expliqué. Pour illustrer ce fait, un conférencier a mis en avant le succès de l'expérience européenne en la matière. «Les traducteurs dans ces pays ont déployé des efforts dans l'apprentissage de la langue arabe, avant la traduction des trésors de la civilisation andalouse, fait ayant permis, à l'époque, à leurs enfants de bien assimiler la civilisation hellénique, et, de là, l'édification, sur des bases solides, de leur propre civilisation». Quelque 10 000 œuvres ont été traduites, à l'échelle du monde arabe, depuis l'époque du khalifat Abbaside Al Maamoun à ce jour, selon un conférencier, qui a déploré à l'occasion «cette piètre performance», en dépit de «l'importance historique de cette science, qui fut à la base de la naissance des civilisations arabe et européenne».