L'imam de Tamezguida essaye d'organiser les prises de parole. «il faut parler calmement et évoquer les grands problèmes», leur dira-t-il. Patient, il arrive enfin à les convaincre. Un citoyen prend alors la parole le premier, pour nous exposer le problème des chemins en piteux état vers Beni haoua ou ailleurs. Ce qui leur cause beaucoup de contraintes pour se déplacer. Un vieux reprend le même point pour dire : «Nous sommes isolés de l'Algérie. Alger la capitale est reliée à Tébessa et à l'extrême Sud (Tamanrasset) par des autoroutes. Mais, nous, malheureusement, nous ne disposons même pas d'une simple route vers la ville de Beni Haoua. Ne suis-je donc pas dans une Algérie indépendante ?» Un autre abonde dans le même sens : «Deux femmes enceintes sont décédées à cause de l'absence de moyens de transport vers le plus proche hôpital à 26 km à Beni Haoua.» Le voisin de l'une d'elles témoigne en nous déclarant : «Cet homme sourd-muet, outre son handicap, perd sa femme et son bébé. Ce n'est pas juste.» Tamezguida reste dépourvue même d'une petite salle de soins. Les femmes accouchent chez elles ou à l'une des maternités de la wilaya voisine de Tipaza. En attendant des jours meilleurs, les hommes ont trouvé une solution afin d'éviter les décès de leurs épouses. «Nous sommes dans l'obligation de prendre nos femmes dès leur 9e mois chez de la famille ou des proches en ville ou à l'hôpital, si on les accepte», nous dit l'imam. Même pour s'approvisionner, les hommes de Tamezguida nous apprennent qu'ils sont obligés d'aller chaque semaine vers Beni Haoua mais le plus souvent vers Zeboudja à 38 km en camionnettes bâchées qu'ils louent à des prix exorbitants.