Une rencontre portant sur l'expérience de la femme algérienne dans le domaine parlementaire a été organisée, hier, par l'Assemblée populaire nationale (APN). Première du genre, cette manifestation constitue, de l'avis du premier responsable de la Chambre basse, une tribune pour témoigner du long parcours militant de la femme algérienne dans ce domaine. Cette journée réservée exclusivement aux témoignages des femmes a été inaugurée... par les hommes. Le premier à prendre la parole était M. Saâdani, président de l'APN, suivi de Abderrezak Mokri, représentant de Bouguerra Soltani, responsable du MSP. Ensuite, il y a eu le discours de Miloud Chorfi, représentant du patron du RND, Ahmed Ouyahia. Le passage des hommes à la tribune pour témoigner du courage des femmes algériennes a été clôturé par l'intervention de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN. Ce n'est qu'après que la parole a été donnée aux femmes. Cet état de fait n'a pas laissé indifférentes certaines participantes qui ont soutenu avec amertume que « même dans une activité consacrée principalement à la femme, les femmes sont reléguées au second rang ». Les femmes qui ont pris la parole lors de ce séminaire sont, entre autres, Nouara Djaâfar, ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la Famille et de la Condition féminine, Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), Zhor Ounissi et Fatma Zohra Bouchemla, anciennes ministres. Des députés et des sénatrices se sont également succédé à la tribune du Parlement. Dans son intervention, Mme Djaâfar a brossé un tableau peu reluisant de la présence de la femme au sein du Parlement. En 1977, il y avait, selon la ministre, 5% de femmes au Parlement. En 1982, ce chiffre a diminué pour atteindre 4,60%. En 1987, il a été, en revanche, enregistré une nette amélioration puisque le nombre de femmes ayant arraché une place à l'hémicycle était de 7,10%. Cependant, ce chiffre a sensiblement baissé en 1997 pour atteindre 4,20%, et en 2002, le nombre de femmes parlementaires était de 6,90%. La conférencière a tenu, toutefois, à préciser que les indications en question ne reflètent guère la réalité du terrain. De son point de vue, la femme a des compétences et est capable autant que l'homme de participer à la prise de décisions. « Les partis politiques ont du chemin à faire dans ce domaine. Nous avons constaté que les formations existantes ne permettent pas aux femmes d'émerger afin d'arriver au Parlement », dira la ministre qui s'est dit persuadée que la situation de la femme s'est nettement améliorée ces dernières années au sein de la famille et dans la société. Mais le blocage, selon Mme Djaâfar, réside dans l'absence d'une coordination entre les femmes. L'oratrice regrette, par ailleurs, que les députés femmes ne se servent pas de cet espace qu'est l'Assemblée pour exposer les problèmes auxquels est confrontée quotidiennement la gent féminine. Directe, Louisa Hanoune a estimé, pour sa part, qu'une femme qui est privée de ses droits et qui n'est pas libre de ses mouvements ne peut pas faire de la politique. « Le statut juridique de la femme fait que les femmes sont des citoyennes de deuxième degré. Cela pose un véritable problème et c'est cet élément qui ne lui permet pas d'être un membre influent dans le domaine politique. Dans notre pays, l'égalité entre l'homme et la femme n'est pas consacrée », a-t-elle dit. Mme Hanoune a indiqué, en outre, que la proportion de la représentation de la femme à l'Assemblée n'est pas un indicateur fiable. « Au Pakistan, 70 femmes sont au Parlement. Cependant, les femmes dans ce pays n'ont pas tous leurs droits. Elles vivent dans la répression et n'ont pas le droit de réclamer ni de dénoncer cet état de fait », a souligné Mme Hanoune. De plus, la porte-parole du PT qualifie le système de quotas comme étant une « insulte » aux femmes. Pour Mme Hanoune, le choix des élus est élaboré sur la base des compétences et de la discipline politiques de chacun des militants du partis. « Un élu doit assimiler à la perfection le programme du parti qu'il va défendre et doit être capable de le répercuter et de convaincre par là même les citoyens. Notre expérience dans ce domaine est positive. Cependant, il m'est impossible d'établir un bilan du rôle de la femme au sein de l'APN sans évoquer les droits bafoués des femmes d'une manière générale », a déclaré l'oratrice qui a tenu à faire remarquer qu'au sein de son parti, il n'y aucune distinction entre l'homme et la femme. Pour M. Belkhadem, les critères qui doivent prévaloir pour le positionnement politique de la femme et sa promotion au niveau des différents espaces de la société sont, entre autres, les compétences et les capacités intellectuelles..