Regrets n Da Moh 67 ans, bon pied, bon œil, montre ce qui fut son verger autrefois. «Avant, se dressaient, ici, figuiers, grenadiers, pêchers et autres arbres fruitiers...» Sur la route de Ath Khrouf, les signes d'une timide tentative de retour des «exilés» sont perceptibles. A quelques encablures de Aïn Alouane, un petit village de montagne, des habitants qui comptent visiblement s'installer de nouveau sur les lieux, s'affairent à rénover leurs habitations qui portent les stigmates d'une décennie d'abandon. En arrivant à Ath Khrouf, une première impression se dégage : le village a dû être, dans un passé pas très lointain, un endroit où il faisait bon vivre. Hélas ! ce qui était, il y a quelques années, une zone à vocation agropastorale, est devenu un vaste espace, complètement en jachère, où, petit à petit, la forêt reprend ses droits. Une bâtisse construite en dur se dresse à l'entrée du village. «C'est l'ancienne école qui est devenue par la suite un dispensaire et qui est maintenant à l'abandon», révélera Slimane, un ancien habitant du village qui fait des pieds et des mains, avec quelques autres nostalgiques, pour redonner vie à la bourgade. Un autre, da Moh 67 ans, bon pied, bon œil, montre ce qui était à l'époque son verger. «Avant se dressaient, ici, figuiers, grenadiers, pêchers et autres arbres fruitiers. Il fut même une époque où chaque samedi, nous vendions les produits maraîchers de nos récoltes, au marché hebdomadaire de Bouira. Aujourd'hui seuls les oliviers subsistent, enfin ceux épargnés par la neige.» Une neige qui a même fini d'achever les quelques ruchers subsistants. Des maisons traditionnelles kabyles, construites en terre et en pierre et qui sont partiellement ou entièrement détruites, témoignent d'une époque prospère. «Targa» (canal d'irrigation), qui alimentait jadis, le village en eau potable, se devine au détour du sentier, malgré les ronces et les broussailles qui l'ont littéralement envahie. «Nous souhaiterions faire renaître le village, mais pour cela, il y a beaucoup à faire... pour la réhabilitation de ces lieux, nous avons même sollicité les autorités de la wilaya qui se disent prêtes à nous aider mais pour la réalisation d'habitations groupées. Cependant, comme les terrains appartiennent aux privés, ces derniers refusent l'implantation de bâtiments sur leurs propriétés, ils arguent le fait que cela défigurerait le site pittoresque... nous ne désespérons pas de voir aboutir nos efforts grâce au Fndra qui pourrait aider les personnes désirant revenir habiter ici», confiera Hammouche, un autre ancien habitant du village. Il est vrai que la région possède de multiples potentialités dans différents domaines aussi bien agricoles, pastorales que touristiques. Il est bon de signaler qu'à une certaine époque, des étrangers affluaient vers cet endroit de haute montagne. Car, outre le paysage féerique qui s'offre aux visiteurs, le site possède une attraction touristique qui, à ce jour, n'a toujours pas révélé ses secrets. Il s'agit de Lalla Mimouna et de ses incroyables légendes. Taddart Inedjaren est un autre hameau déserté par ses habitants. Un autre nostalgique révèle qu'un projet doit voir le jour incessamment. «Le Parc national du Djurdjura s'est engagé à réaliser une route pour faciliter l'accès à cet endroit et nous n'avons de cesse de solliciter les différents responsables pour réhabiliter les lieux. Une route a commencé à être aménagée par les Français durant l'ère coloniale, mais au lendemain du déclenchement de la Révolution, les travaux ont été interrompus et n'ont jamais repris.» Sur de nombreuses parois, des crochets d'alpinistes témoignent d'une époque où l'escalade et les sports d'ascension étaient l'endroit de prédilection pour des étrangers en mal de sensations fortes. Pourtant un site pareil mériterait d'être connu du grand public, pour peu que les autorités concernées prennent conscience de la nécessité d'investir dans ce joyau touristique. En attendant un signe positif des services publics, quelques anciens habitants ont créé une association pour l'environnement et comptent bien apporter une note d'optimisme dans cette région abandonnée même par ses anciens habitants.