Le bras de fer semble sérieusement engagé entre les cheminots et leur direction au troisième jour d'une grève qui paralyse le trafic ferroviaire. Les conducteurs des locomotives se disent déterminés à aller jusqu'au bout de leur mouvement malgré l'action en justice intentée à leur encontre pour grève illégale. «Les conducteurs sont en train de payer de leurs poches pour travailler, alors que les autres employés travaillent pour être payés. C'est de la hogra», lance un conducteur de train en grève, à l'image d'environ quatre cents cheminots (conducteurs et agents de maintenance), depuis samedi dernier. Rencontré ce matin au niveau de la station de Belcourt en compagnie d'une dizaine de ses confrères, notre interlocuteur souligne que leur arrêt de travail constitue l'ultime recours pour faire valoir leurs revendications socioprofessionnelles. «La prime de déplacement est fixée à seulement trois dinars/l'heure, ce qui fait que nous percevons entre 5 000 et 6 000 DA par mois. Avec toutes les dépenses (café, déjeuner, dîner, etc.), nous dépensons pas moins de 16 000 DA par mois. Nous avons longtemps attendu un geste de la part de la direction de la Sntf, mais elle a toujours fait la sourde oreille. En 2006, nous avons soumis nos revendications à l'administration, sans résultat», ajoute, irrité, notre interlocuteur, conducteur de train depuis une trentaine d'années. Sur un salaire de 28 000 DA, il ne reste aux conducteurs que 11 000 DA. «Comment puis-je subvenir aux multiples besoins de ma famille avec cette somme modique ?», s'interroge «le vieux routier», appelant les responsables de la Société nationale du transport ferroviaire (Sntf) à revoir la prime de déplacement à la hausse. Les grévistes sont déterminés à poursuivre leur action jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Ce qui a attisé leur colère c'est que les responsables de l'entreprise n'ont pas daigné leur rendre visite et les appeler au dialogue. «Seul le directeur des ressources humaines à la Sntf est venu samedi non pas pour nous écouter, mais pour nous menacer. Qu'il sache que nous n'allons pas céder à ce terrorisme administratif», s'indigne un autre conducteur. Répondant aux déclarations du SG de la Fédération nationale des cheminots (FNC) rapportées dans ces mêmes colonnes, dans notre édition de samedi, les grévistes ont accusé le syndicat «d'être en connivence avec l'Ugta et le gouvernement et ne se soucie guère des préoccupations des travailleurs». Rappelons que le SG de la FNC nous a indiqué que les employés de la Sntf ont bénéficié d'une augmentation de salaire de 22% en 2007. «C'est faux. L'augmentation est de l'ordre de 15%, fractionnée. La FNC a qualifié la grève d'illégale car elle ne défend pas nos revendications et se contente d'évoquer le pacte social», ont souligné les grévistes qui ne comptent pas suspendre leur mouvement jusqu'à satisfaction de leurs doléances. A signaler que certains conducteurs et agents d'entretien ont comparu ce matin devant le juge près la cour de Sidi M'hamed, accusés de perturber le service en déclenchant une grève illégale (sans préavis). Les grévistes soutiennent, pour leur part, que l'inspecteur du travail avait refusé de signer leur préavis.