C'est un calme plat angoissant qui a régné hier encore sur l'ensemble des gares ferroviaires de notre pays. La mobilisation des cheminots est montée encore d'un cran et les trains sont restés à l'arrêt. La colère gronde toujours parmi les 11 400 employés de la SNTF, lesquels se montrent plus que jamais déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Ni la menace de poursuite judicaire brandie par la direction générale ni l'appel de la Fédération nationale des cheminots n'ont semé le doute chez ces grévistes désireux de changer une fois pour toute leur misérable condition. Mais force est de constater qu'au cinquième jour de cette grève, l'impasse persiste et aucune solution n'est en vue. Pis, le conflit s'est déplacé désormais aux tribunaux puisque la SNTF a saisi la justice pour dénoncer l'illégalité de cette grève. La justice s'est prononcée hier pour l'arrêt du mouvement de grève et ordonner la reprise immédiate du travail. Toutefois, ces derniers ne semblent guère effrayés par l'intimidation judiciaire. «C'est à cause de la direction générale que les pourparlers sont dans l'impasse. Personne d'entre nous ne tolère que son salaire de base reste à 12 480 DA. Nous demandons seulement l'application de l'article 52 de la convention signée entre le partenaire social et la direction de la SNTF en 2006», expliquent de nombreux conducteurs de train qui font le pied de grue dans plusieurs gares ferroviaires de la banlieue d'Alger. Selon eux, cet article stipule que le salaire de base ne doit être en aucun cas inférieur au SNMG. Sur ce point, les représentants des cheminots ont assuré que le directeur général de la SNTF avait avoué son incapacité à prendre en charge cette revendication. Même le ministre des Transports ne veut pas parler d'augmentation du salaire de base. Cette attitude n'a fait qu'irriter davantage les cheminots qui ne cachent plus leur rage face à cette impasse. «S'ils croient qu'ils vont nous avoir à l'usure, ils se trompent. Nous ne reprendrons pas le service tant que nos revendications ne seront pas satisfaites. Notre pouvoir d'achat est en chute libre. Nos enfants vivent dans la misère. Quant à nous, on évolue dans un environnement professionnel des plus difficiles. Alors, s'ils ne veulent pas augmenter nos salaires de base et porter notre prime de risque de 700 à 3 000 DA, ils verront les trains à l'arrêt pendant longtemps encore», avertissent plusieurs délégués syndicaux que nous avons interrogés hier. Enfin, il est à souligner qu'à l'heure où le conflit se durcit entre la SNTF et ses employés, la paralysie qui touche le trafic ferroviaire plombe sérieusement le transport, pénalisant ainsi des milliers de citoyens qui se retrouvent, à leur grand dam, pris en otages. Il faut savoir à ce propos que les trains assurent le transport de près de 25 millions de personnes par an. Cela représente des recettes annuelles avoisinant 1,5 milliard de dinars. Mais au rythme où vont les choses, la locomotive de la SNTF risque de ne pas siffler pour longtemps. A. S.