Résumé de la 1re partie Christie signe le document. Elle est nerveuse. La petite femme se lève enfouit le papier et s?apprête à partir. Christie détourne les yeux. Cette petite femme l?énerve, et il est dur de l?affronter. On se sent tout de même un peu monstrueuse dans ce genre de situation, elle devrait en tout cas. «Je ne désire pas avoir de leurs nouvelles. Si j?ai décidé de ne pas les élever, ça me regarde.» ? Rassurez-vous, mademoiselle. Je ne suis pas là pour remuer des souvenirs anciens. D?ailleurs la loi m?interdit de vous en dire plus à leur sujet, ils ne vous appartiennent plus. ? Alors, vous voulez savoir quoi ? ? Eh bien, je vois que vous avez eu un troisième enfant, déclaré à l?état civil le 3 avril 1967, et vous avez pressenti l?administration pour un nouvel abandon qui n?a pas été fait. ? J?ai changé d?idée. ? Ah ? C?est bien». Un court silence s?installe entre les deux femmes. Manifestement l?enquêtrice se dit : «Bizarre. Elle abandonne les deux premiers, elle garde le troisième». Sa pensée doit transparaître, car Christie se croit obligée d?expliquer. ? Ma situation n?est plus la même. Il se trouve que j?ai les moyens d?assurer son avenir. Vous pouvez considérer que ma demande est nulle. ? Vous gardez votre fille ? ? Oui. ? Parfait. Pouvez-vous me donner quelques renseignements à son sujet ? ? Comment cela, des renseignements ? Je vous dis qu?elle est à moi, je la garde, vous n?avez pas besoin d?avoir des renseignements sur elle, ça ne vous regarde pas ! ? Je suis désolée, mademoiselle, si ! A partir du moment où vous avez manifesté le désir d?abandonner l?enfant, nous enquêtons, d?autant que vous avez déjà pratiqué deux fois ce genre de choses. Nous sommes responsables, nous devons savoir comment il vit actuellement, et dans quelles conditions. C?est très simple d?ailleurs. Je suis là pour ça. Si vous voulez bien me dire où je peux voir votre fille? ? Mais enfin, pourquoi ? ? Pour m?assurer qu?elle est en bonne santé, qu?elle n?a besoin de rien, que l?éducation et les soins reçus sont adéquats ! ? Mais enfin, c?est incroyable ! Vous n?avez aucun droit sur elle. ? Si, mademoiselle, tous les droits. La loi nous les donne. Qui élève votre fille ? Vous ou une nourrice agréée ? ? Moi. ? Où se trouve-t-elle, à votre domicile ? ? Non, elle est en voyage, elle séjourne chez une amie. ? Puis-je rencontrer cette amie ? ? Ecoutez, je refuse votre enquête. Je refuse de vous montrer ma fille une fois pour toutes. J?ai le droit, je suis sa mère. ? Très bien. Voulez-vous signer là ?» Signez là, cela veut dire signer un questionnaire, au bas duquel se trouve une petite phrase : «J?accepte ou non de me soumettre à l?enquête de l?Administration, concernant mon enfant (prénom, âge, né le)?» Christie signe le document. Elle est nerveuse, pâle, surexcitée. La petite femme se lève, comme à regret, enfouit le papier dans son énorme serviette et s?apprête à partir. Mais sur le pas de la porte, elle dit encore de sa voix nette et tranquille : «Il est possible, et même certain, que le juge des enfants vous convoque, et vous devrez présenter l?enfant de gré ou de force, c?est désolant. Avec moi, c?était plus simple. Au revoir, mademoiselle. Je vous laisse mon téléphone, on ne sait jamais». Et elle disparaît dans le brouillard de la ville, tandis que Christie, affolée, se précipite sur le téléphone. Pour la première fois, elle va rompre un contrat et appeler elle-même son amant chez lui, à son domicile, ce qui lui est interdit depuis dix ans. C?est donc que la situation est grave. Le P-DG, l?homme marié, l?amant de Christie depuis dix ans, c?est Jean S?, quarante-cinq ans. La femme de chambre lui passe une communication d?un ton pincé. (à suivre...)