Indifférence n Les habitants de sidi Benour, de la nouvelle ville de Sidi Abdellah, isolés et livrés à eux-mêmes, ne cessent, depuis près de 3 ans, d'attirer l'attention des responsables sur leurs conditions de vie déplorables. Depuis qu'elles ont occupé leurs logements neufs à Sidi Benour, dans la nouvelle ville de Sidi Abdellah, il y a deux ans et demi, les 412 familles ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur les conditions catastrophiques dans lesquelles elles vivent. Le site où se trouvent les bénéficiaires, déménagés par les pouvoirs publics d'un peu partout à Alger (La Casbah, Alger-centre, Belcourt…), souffrent d'innombrables carences et failles. «Nous avons cru, en venant ici, que le calvaire serait fini ! Mais ce n'est pas du tout le cas ! Car, ici, nous avons plus de problèmes et de soucis que là où nous étions. Le site et complètement isolé, dépourvu de toutes commodités de vie moderne. A Sidi Benour, le transport constitue l'un des problèmes cruciaux. Il n'existe que deux bus de 20 places qui assurent la navette entre ce site et la ville de Mahelma où est scolarisée la totalité des élèves, car à Sidi Benour, l'école primaire promise par les autorités, n'a toujours pas vu le jour. C'est justement ce grand problème qui préoccupe les habitants de Sidi Benour. «Nos enfants sont souvent contraints de parcourir 7 km à pied pour rejoindre leur école. le matin, ce sont seulement les scolarisés qui se lèvent tôt qui trouvent une place dans ces minibus. Et si par malheur l'un d'eux rate son bus, il doit patienter plus d'une heure parfois pour voir arriver le suivant ! Cette situation fait que les enfants sont exposés à tous les dangers (accidents de la route, agression, délinquance, absentéisme…). Nos femmes sont obligées de les accompagner aussi bien à l'aller – le matin – qu'au retour (le soir après l'école). Mais avec l'absence de transport, elles aussi arrivent en retard. Et nos enfants sont obligés de traîner à Mahelma et ainsi d'être en contact avec des individus de tout genre (délinquants, drogués, voleurs et… violeurs). Il n'existe aucun commerce à Sidi Benour et les 400 familles doivent se déplacer à Mahelma pour acheter du pain, du lait… «Ici, on est dans une caserne. Le site est un véritable dortoir», souligne un père de famille. Les autres commodités de vie citadine sont aussi inexistantes, ni taxiphone, ni pharmacie, ni kiosque… Le seul dispensaire, de deux pièces, qui assure les soins aux habitants de ce site ne dispose pas de moyens (ambulance) et ne travaille pas la nuit. «Imaginez un malade ou une femme sur le point d'accoucher ! Ici on ne se soucie pas de la vie des habitants…», nous déclare Abderahmane Mekdoud, l'infatigable représentant des habitants de Sidi Benour. La route qui mène de Sidi Benour à Mahelma est en piteux état et ne dispose pas d'éclairage public . «Ici, il est déconseillé de rentrer tard chez soi. À partir de 19 h c'est le couvre-feu à Sidi Benour», déplore un étudiant qui y habite. Depuis leur arrivée sur les lieux, les habitants ont avisé tout le monde pour améliorer leurs conditions de vie (APC, wilaya, wali délégué), en vain. Les jeunes de Sidi Benour ont déjà annoncé leur couleur… politique. Pour eux, ça ne sert à rien d'aller voter le 29 novembre. «Moi, je voterai le jour où je trouverai un bus qui me transportera sur mon lieu de travail et transportera mon fils à l'école pour qu'il n'arrive plus en retard et être renvoyé par ses enseignants pour une faute qu'il n'a pas commise», justifie Ahmed, parent d'élève rencontré à l'école primaire de Mahelma, venu attendre son fils de 8 ans à l'entrée de l'école primaire.